Les jardins d'Hélène

Un lundi à Montreuil, (version 2009)

30 Novembre 2009, 20:59pm

Publié par Laure

Un lundi de novembre à Montreuil, c’est comme chaque année l’occasion de croiser dans les allées surchauffées les collègues bibliothécaires de la Sarthe qu’on voit peu le reste de l’année dans son propre département ! Et au fil des ans, quelques visages d’écrivains qu’on reconnaît sans avoir besoin de lire l’affiche sous laquelle ils dédicacent…Et parfois même l’une d’entre elles qui vous dit : « on s’est déjà vues quelque part, non ? » « Oui… le mois dernier au Mans… »

Mais commençons par le commencement… en bonne provinciale qui prend le train, j’achète les tickets de métro à la gare du Mans, ou à Paris avant de repartir, histoire de ne pas faire la queue trois quarts d’heure à un guichet RATP en arrivant à Montparnasse… Comme j’en avais encore un bon paquet dans mon portefeuille, je pensais naïvement que c’était gagné. Tintin, le machin refuse mes tickets : « billet non valide » Argh ! Ils sont peut-être trop vieux ? Y a une date de validité sur ces machins ? Je me résous à faire la queue à la RATP, en espérant ne pas perdre les huit billets que j’ai en stock. Je suis prête à amadouer la dame pour qu’elle me les échange contre des neufs. Elle m’explique qu’ils sont tout simplement démagnétisés, et un par un, elle me les remagnétise pour qu’ils fonctionnent, tout en me demandant où je les avais rangés. Bah, dans mon portefeuille ! A quel endroit ? Il ne faut pas que ce soit près d’un aimant ! Bingo, ils sont juste derrière l’aimant qui referme mon portefeuille, et elle m’invite à les ranger ailleurs !

Quelques quarts d’heure de métro plus tard, me voilà devant le St Graal toujours aussi moche de l’extérieur, mais ce qui importe est à l’intérieur


 

J’ai quitté la maison à 8h30 et il est déjà mine de rien 11h15 quand j’entre dans le Salon. Commençons par l’utile : vestiaire (il fait une chaleur étouffante), commissariat (pour une attestation de présence, ça peut toujours servir pour mon employeur), et toilettes. Là, il y a une queue de trois km et une organisatrice nous autorise à aller dans les toilettes des messieurs. Alors que je fais la queue, la porte qui se libère s’ouvre ... non pas sur un bel Apollon   mais sur… une de mes collègues qui travaille à 15 km de chez moi ! Eclats de rire ! (quand je vous dis qu’on se voit plus souvent à Paris que dans nos régions !).

Au passage, un point de vue sur le Salon :

 


Ce 25ème salon de Montreuil a pour pays invité l’Italie. Caca boudin, qui a toujours été un succès chez nous quand les enfants étaient petits, s’appelle ici cacca pupu :


 

D’ailleurs, c’est un sujet qui marche, Milan en a fait des affiches multimédia (c'est la couv du livre de Stéphane Frattini) :


 

J’ai revu Karin Serres qui m’a gentiment dédicacé son roman du Rouergue, j’ai noté des tas de titres un peu partout, lu quelques albums ici ou là, j’ai félicité en mon fort intérieur les passants qui avaient osé apporter leur caddies à roulettes tandis que tout devenait plus lourd au bout de mes bras, j’ai souri face aux sans-gêne qui s’arrêtent à chaque stand demander une affiche pour leur classe surtout si elles n’achètent rien, et échangé un sourire de connivence avec celle qui a osé répondre « on n’a pas d’affiche mais pour l’achat des Petites poules on vous offre un calendrier », et la dame de répondre, c’est quoi les Petites Poules ? Rhoo un professionnel de la littérature jeunesse (le lundi, c'est journée pro au Salon) qui ne connaît pas les Petites Poules ne mérite même pas une affiche  (oui je suis mauvaise langue, si je veux d’abord).

 

J’ai acheté quelques livres (forcément), pour répondre aux commandes laissées par mes filles le matin même : sur la rangée du haut (photo ci-dessous, clic dessus pour voir en plus grand), des titres pour compléter les collections de Mosquito et les séries de ma grande, qui en plus me demandait mes deux Allemagne, fortement suggéré par sa prof d’allemand. S’il y avait eu des accès Electre un peu plus fréquents et surtout un peu plus visibles, j’aurais trouvé plus vite ! (Je n’avais que le titre, pas l’auteur, ni encore moins l’éditeur pour savoir sur quel stand aller, mais au final, mission accomplie !)



Sur la deuxième rangée sur la photo, des achats égoïstes rien que pour moi, que je partagerai quand même avec les filles hein, d’ailleurs Mosquito m’a déjà piqué la Croûte, par le papa dessinateur des Rita et Machin. Le théâtre est pour une instit avec qui je travaille, suite à notre rencontre avec Karin Serres le mois dernier, et le Desarthe, parce que j’en ai lu du bon sur vos blogs.

J'ai laissé tout ce (beau ?) monde pour rattraper mon TGV,


Les filles m'ont sauté dessus au retour pour savoir si j'avais acheté leurs livres, et j'ai promis à Mosquito que je vous montrerais sa collection : (je précise qu'en gentille fille de sa bibliothécaire de mère, elle a décrété qu'elle n'aimait pas lire, et me le prouve régulièrement en me faisait acheter des machins à paillettes qui ne sont sans doute pas la crème de la littérature jeunesse! - mais qu'elle finit par lire quand même !)



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Manhattan - Anne Révah

29 Novembre 2009, 18:43pm

Publié par Laure

J’ai toujours eu un faible pour la collection 1er/mille chez Arléa. Aussi quand l’auteur m’a proposé de m’envoyer son livre, j’ai accepté sans hésiter. Et j’ai bien fait car je retrouve bien là le ton de la collection.

Une femme à la vie apparemment épanouie, mariée, des enfants, un bon job, découvre qu’elle est atteinte d’une maladie curieuse dont elle ne comprend pas bien l’issue, mais toujours est-il que cette histoire de taches blanches dans le cerveau lui fait peur. Sans réfléchir et parce que cela s’impose à elle, elle fuit. Elle part, laissant tout, pas même un mot au mari et aux enfants. Elle part avec le chien, quand même, pour finalement le laisser lui aussi.

Ce roman se compose (pour moi !) de trois parties distinctes, bien qu’il n’y ait pas de coupure particulière dans la mise en page, ni même de chapitres. La première partie, la découverte et la fuite, captive et entraîne le lecteur. Surprise, désaccord, on a envie de réagir face au personnage et l’on ne peut laisser là la lecture. L’auteur décrit bien cette urgence de fuir et ces hésitations malgré tout. Une deuxième partie, plus intérieure, aborde toute la réflexion de la femme sur son sentiment de vacuité. On ne connaît pas encore les raisons de tout cela, mais j’ai trouvé des résonances intéressantes dans cette réflexion, me disant que ce livre méritait d’être gardé précieusement et relu. Puis la troisième et dernière partie, celle de la lettre qu’écrit le personnage à sa mère. Une lettre unique, définitive, et qui dénonce enfin tout ce qui a fait le malheur et le vide intérieur de cette femme. Une lettre accusatrice, sur la cruauté d’une mère. Cette partie m’a un peu déçue (je ne vais pas dévoiler le mobile de l’histoire) parce que justement, il est un peu convenu, un peu trop vu et revu dans la littérature contemporaine. Comme si aujourd’hui on expliquait tout malheur intérieur par ce seul élément, et c’est ce qui tempère mon avis sur roman. J’aurais sans doute aimé quelque chose de plus innovant ! La fin, néanmoins, reste surprenante et inattendue.

Si j’ai parlé de trois parties distinctes, c’est parce qu’il m’a semblé que ces trois parties du roman ne s’enchaînaient pas sur le même ton, comme si la cassure entre chacune était trop marquée, du point de vue du style, et c’est ce qui m’a gênée un peu, dommage.

Mais c’est un premier roman qui mérite d’être remarqué (avant la proposition de l’auteur je n’en avais jamais entendu parler, pourtant il date de mai 2009), et c’est un auteur qu’on a désormais envie de suivre, car ce premier roman, malgré quelques faiblesses, est prometteur.

 

D’abord remarqué par Jérôme Garcin du Nouvel Obs,

 

et lu aussi par Leiloona, Antigone, …(et d'autres bientôt sans doute)
 

Arléa, coll. 1er mille, mai 2009, 89 pages, prix : 13 euros

Etoiles :

Crédit photo couverture : éd. Arléa

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A bord du Darjeeling Limited, un film de Wes Anderson (2008)

25 Novembre 2009, 19:14pm

Publié par Laure

Avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman, ...
Durée : 1h47


Le synopsis d'Allociné : "Trois frères qui ne se sont pas parlé depuis la mort de leur père décident de faire ensemble un grand voyage en train à travers l'Inde afin de renouer les liens d'autrefois.
Pourtant, la "quête spirituelle" de Francis, Peter et Jack va vite dérailler, et ils se retrouvent seuls, perdus au milieu du désert avec onze valises, une imprimante, une machine à plastifier et beaucoup de comptes à régler avec la vie...
Dans ce pays magique dont ils ignorent tout, c'est alors un autre voyage qui commence, riche en imprévus, une odyssée qu'aucun d'eux ne pouvait imaginer, une véritable aventure d'amitié et de fraternité..."

Ce qui m'a plu d'emblée dans ce film, c'est le côté loufoque et décalé. On est souvent proche de l'absurde et du burlesque. Comme cette manie de toujours courir après son train, comme tout ce qui leur tombe d'imprévu sur le coin du nez. C'est drôle, coloré, original, ... vont-ils finir par règler leurs comptes avec leur mère et la mort de leur père ? Vont-ils enfin renaître à eux-mêmes et à la fratrie ? En tout cas ils nous amusent bien le temps de ce périple autant intérieur qu'extérieur, aux couleurs de l'Inde. Sympathique.


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L'homme de chevet, un film d'Alain Monne (2009)

25 Novembre 2009, 18:47pm

Publié par Laure

Avec Sophie Marceau, Christophe Lambert, Margarita Rosa de Francisco, ...
Durée : 1h33


Synopsis Allociné : Carthagène, Colombie. Léo, ancien champion de boxe, s'autodétruit dans l'alcool. Son ami Jaïro l'envoie travailler au service de Muriel, jeune femme tétraplégique. Peu à peu, une histoire d'amour passionnée se noue entre eux...

Ce que j'en pense : Muriel est tétraplégique et a besoin d'une aide constante à son chevet. Dure avec tous, elle ne parvient pas à garder les personnes embauchées bien longtemps. Léo, un cabossé de la vie, ravagé par l'alcool, va s'imposer l'air de rien. Bien sûr l'histoire d'amour est convenue et attendue, malmenée, puis triomphante. Ce n'est pas un film à suspens, c'est un film intimiste et sensible, plutôt lent, qui offre la part belle à trois acteurs : Sophie Marceau, Christophe Lambert, et Margarita Rosa de Francisco. Je ne suis pas fan de Lambert, il me semble ramasser un peu ici tous les clichés de l'image qu'on peut avoir de lui à travers ses rôles : un acteur très "physique" plus qu'intello. Face à une Sophie Marceau immobilisée, c'est l'affrontement de la tête et des jambes. Chacun souffre dans son corps et dans sa tête, la confiance n'est pas facile, mais ils vont s'apprivoiser lentement.
C'est un film court, et c'est bien ainsi, il n'y aurait pas eu de quoi faire plus. Je ne connais pas le roman d'Eric Holder dont ce film est tiré, mais j'ai passé un bon moment., et la fin m'interpelle au point d'avoir envie d'aller voir dans le roman si elle est bien comme je l'imagine. Les couleurs et les extérieurs colombiens apportent un vrai plus au film.


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Les hommes mariés ne font pas les nuits douces - Yaël König

19 Novembre 2009, 20:09pm

Publié par Laure

Un joli titre, une jolie couverture, une histoire éternelle qu’on espère originale, il en faut peu parfois pour choisir un livre. Le « pitch » n’est pas révolutionnaire : Alicia tombe amoureuse de Joris, découvre qu’il est marié, et ne veut pas d’un banal adultère, elle va donc rompre. Mais c’est trop tard, la guêpe est prise au piège de l’amour, et c’est le début d’une longue histoire de désespoir, celui de la « seconde », la maîtresse qu’on cache, l’éternelle backstreet.

Il y a quelque chose d’extrêmement réussi dans ce livre, c’est le récit d’Alicia dans sa souffrance et son bonheur, sa tristesse de maîtresse qu’on délaisse quand il faut rentrer voir l’officielle, bobonne et les mômes. L’espoir toujours présent de croire en l’homme : oui il quittera sa femme, mais il faut un peu de temps pour dénouer 20 ans de mariage, oui il est lâche et ne la quittera jamais, oui il se moque d’elle, non il l’aime vraiment, etc. etc.

ça va bien sur cinquante pages. Mais quand vous commencez à réaliser que ce ne sera que cela et encore cela et toujours cela pendant deux cents cinquante pages, là vous commencez sérieusement à vous dire que non, ça suffit, on n’est pas dans un traité sur l’art de gloser ou comment répéter cent cinquante fois la même chose en ne répétant jamais les mêmes mots.

J’avoue, j’ai mis le livre de côté, franchement agacée qu’on se foute de moi (ça va, je sais lire, j’ai compris, pas besoin de me répéter la même chose ad libitum, il serait temps d’avancer) et j’ai lu d’autres livres. Puis j’y suis revenue, me disant que bon, il allait bien finir par se passer quelque chose « qui change ». Mais non, toujours et encore ce refrain lancinant de l’éclate au lit et du malheur de la maîtresse laissée à ses draps froids. Des promesses non tenues de l’homme lâche. Et puis, enfin, la fin. Sans doute tellement espérée du lecteur qu’elle en devient peu crédible. Après tant de larmoiements ce serait soudain si facile, en deux coups de cuiller à pot et deux pages miracle ? Un peu de sérieux quoi !

Je suis donc bien embêtée avec ce roman, car s’il semble justement inspiré d’un quotidien réaliste, il est aussi très répétitif (comme la vie ?), mais alors, quel ennui !

 

 

Ed. Yago, août 2009, 246 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © Laurie Thinot et éd. Yago

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Happy sex - Zep

17 Novembre 2009, 14:35pm

Publié par Laure

Nul doute que vous connaissez tous Titeuf et son auteur suisse : Zep.

Avec Happy Sex, Zep joue clairement dans la cour des grands, ce n’est plus un album pour la récré, du moins pas la même ! Sexe sans tabous, à la première lecture on pique de vrais fous rires, tant les chutes façon conversation de bistrot sont bien vues ! C’est joyeux, décomplexé, franchement drôle, et ce n’est pour déplaire aux lectrices femmes, les hommes y sont décrits comme un peu bourrins parfois, pas toujours très finauds les messieurs. Par saynètes d’une ou deux planches maxi, vous retrouverez forcément une anecdote qui vous rappelle quelqu’un ou quelque chose. Réaliste, fantaisiste et audacieux, tout en étant dans le ludique pur, c’est un album de haut vol !

 

Pour adultes avertis, comme on dit, car oui il y a des zizis à toutes les pages, mais c’est très « happy » !
Non vous ne pourrez pas le feuilletez avant d'acheter car il est vendu sous film, protection des mineurs oblige, mais oui vous pouvez y aller les yeux fermés, vous rigolerez ! (après débrouillez-vous pour savoir où le ranger si vous avez des gamins qui lisent Titeuf de leur côté et qui croient que c'est pareil ! Offrez-le à un copain, il vous dira merci !)  

 

Delcourt, novembre 2009, 61 pages, prix : 14,95 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Zep et éd. Delcourt.
(merci à J. pour le cadeau !)

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Une année étrangère - Brigitte Giraud

16 Novembre 2009, 07:18am

Publié par Laure

Laura, dix-sept ans, part en Allemagne comme jeune fille au pair dans une famille où elle se sent très vite étrangère : étrangère à elle-même, étrangère dans ce pays, étrangère dans cette famille. L’atmosphère du roman est oppressante, les parents de cette famille semblent avoir de étranges habitudes, les enfants livrés à eux-mêmes, et Laura au milieu ne sait pas bien ce qu’on attend d’elle, personne ne lui donne de consignes.

Elle participe d’elle-même à cette vie sans bien comprendre, s’interroge sur sa propre famille, sur son lien à son grand frère à qui elle écrit régulièrement, à son frère trop vite disparu, à sa mère, au couple que forment ses parents….
Qu’elle semble triste et monotone cette vie, grise dans cette Allemagne d’avant la chute du Mur, de ces années 80 où l’on écoutait encore de la musique sur des cassettes audio… Climat pesant, sentiment malsain qui semble poindre, où va nous mener ce récit ? Vers la vie, vers l’envol, vers la maturité, vers le passage de l’âge adulte… Au cours de cette année étrangère, complètement perdue, Laura va surtout se découvrir elle-même.

p. 39 "J'ai la sensation d'errer sans but dans un monde que je ne comprends pas, dont ne m'a pas encore donné la clé, mais dont je pressens qu'il va bientôt m'engloutir. Ce n'est pas de la peur que j'éprouve mais une légère appréhension doublée d'une impresion de mystère. Je me demande qui sont ces gens qui vivent au ralenti, sans exigences et sans règles apparentes, et qui m'obligent à tout modifier en moi, mon rythme, mon énergie, mon jugement. J'expérimente, en vivant le contraire de ce que j'ai appris à vivre, une autre forme d'existence, molle, distordue et libre en apparence. Je découvre un nouveau mode de relation entre les êtres, où n'affleurent pas l'angoisse, le souci d'efficacité ni la volonté de contrôler les actes de chacun. Ici, personne ne plannifie, personne ne se préoccupe du temps qui passe, personne n'organise quoi que ce soit quand le week-end arrive. Personne n'a peur du lendemain. C'est ce que je crois."

Un roman au déroulement finalement simple mais qui attire par son entrée énigmatique, vous rend complice de l’inquiétude de ses personnages, et donc curieux du dénouement.

 

Encore faut-il pour cela ne surtout pas lire la quatrième de couverture qui dit absolument tout du roman, à tel point qu’on se demande alors « à quoi bon l’acheter » ?!


L’album du livre 

 

Lu aussi par Clarabel, Antigone, Laurent , Canel, ….

 

Stock, août 2009, 207 pages, prix : 17 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Hubert MICHEL et éd. Stock

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La route - Cormac McCarthy

15 Novembre 2009, 07:36am

Publié par Laure

Traduit de l’américain par François Hirsch

 

Un homme et son enfant avancent seuls sur une route, dans un paysage dévasté, de cendres et de pluie. Ils ont pour seul bien un caddie qu’ils poussent, contenant quelques vieilles couvertures et quelques vivres qui s’épuisent trop vite. Ils luttent contre la pluie, le froid, la neige, la faim, mais aussi la barbarie et la haine des rares rescapés qu’ils rencontrent. Où est-on ? A quelle époque ? Que s’est-il passé ? On ne le sait pas. L’apocalypse a eu lieu, nous dit la quatrième de couverture. C’est tout. Roman d’anticipation ? De science-fiction ? Roman d’un monde possible où notre folie nous mène ? Roman de l’après 11 septembre ? Eruption volcanique qui a enseveli les hommes ? Guerre ? Bombe atomique ?

Il ne se passe rien d’autre dans ce roman, ou pas grand-chose, toujours cette avancée sur la route, dans le froid, la peur, la violence, la faim. Pourtant quel roman intrigant dès le départ ! Etrange, fascinant, sombre, noir mais percé par cet éclat lumineux de l’amour entre un père et son petit garçon.

J’ai craint passé les cinquante premières pages que le roman soit répétitif et lassant, mais non, un fil ténu vous tire pour savoir ce que ces deux font là et où ils vont. La réponse, on ne l’aura pas. On ne peut qu’imaginer, supposer, penser que. C’est peut-être ma frustration dans cette lecture, parce que si je me laisse embarquer dans une histoire, j’aime aussi en avoir toutes les clés, c’est donc ce qui mitige mon avis, sur ce qui est quand même un grand roman.

 

Plein d’avis de lecteurs sur BOB

 

Editions de l’Olivier, février 2008, 244 pages, prix : 21 €

Existe en poche.

Etoiles :

Crédit photo couverture : © scandella@IDSland.com et l’Olivier éd.

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La vie m'a dit... - Christine Orban

13 Novembre 2009, 22:48pm

Publié par Laure

Il fut un temps lointain où j’ai aimé quelques romans de Christine Orban. Au début de l’année 2009, son dernier « n’oublie pas d’être heureuse » m’avait tant ennuyée que je crois bien ne même pas l’avoir fini. Il y a deux ans, elle publiait un recueil de citations et petites phrases, que j’avais feuilleté en librairie, et qui sous un joli titre, Petites phrases pour traverser la vie en cas de tempête et par beau temps aussi, me semblait surtout cacher un gros vide. Aujourd’hui paraît un nouveau recueil, « fait d’instantanés, de phrases entendues, de scènes surprises ici ou là, d’observations. Attraper la vie avec une succession de phrases. » Dit comme ça, l’idée est attrayante. Le découpage est organisé : dans la vie m’a dit, il y a « je connais quelqu’un », « j’ai entendu », « je me souviens » (tiens, ça quelqu’un l'a déjà fait !), des thématiques, l’amour, l’amitié, la sagesse, la solitude, la déception, etc. Comme ça ne semblait pas suffire à remplir une centaine de pages très aérées, l’auteur y ajouté des citations d’écrivains, de Molière à Flaubert, de Sénèque à Proust, en y mêlant des propos d’inconnus, un élève du lycée Surcouf à Saint-Malo, un petit enfant du Bhoutan… Le hic, c’est qu’hormis les citations de grands auteurs qui tombent hors propos comme des cheveux sur la soupe, l’ensemble de ces phrases ultra courtes est d’une vacuité telle que je ne sais quels exemples vous donner, tous plus plats les uns que les autres.

p. 19 : « Peut-être ne faut-il pas trop connaître les gens »

p. 15 : « Je connais quelqu’un qui ne fait rien par peur de faire mal »

p. 53 : « Faute d’affection, contentons-nous de la politesse »

p. 33 : « Je me souviens des jupes-culottes »

p. 91 : « Attendre c’est perdre un jour en espérant un autre »

Je ne sais pas ce qu’elle vous raconte à vous, la vie, mais moi il me semble que même à la pause café entre collègues,  ou en discutant avec mes enfants ou en écoutant une conversation à la caisse du supermarché, la vie m’apprend des choses plus intéressantes que ça !

 

Je vous livre quand même deux phrases qui me semblent avoir leur place dans ce recueil :

 

p. 22 : « J’ai entendu des gens parler et ne rien dire »

p. 107 : « C’est aux livres et aux disques médiocres qui sont encensés que l’on mesure le pouvoir de l’artiste sur la presse ».

 

CQFD.

 

Albin Michel, novembre 2009, 176 pages, prix : 12,50 euros

Etoiles :

Crédit photo couverture : © BSIP / Philip Rosenberg et éd. Albin Michel.

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Les identités remarquables - Sébastien Lapaque

6 Novembre 2009, 07:07am

Publié par Laure

« Tu vas mourir, aujourd’hui, et tu ne le sais pas encore. Le sauras-tu jamais, même à l’ultime instant ? » Ainsi s’ouvre le roman, écrit à la 2ème personne du singulier. On ne sait pas qui parle, on ne le saura qu’à la fin, même si une piste est lancée quelque part au milieu du livre. On va suivre la dernière journée d’un homme banal et qui n’a rien de remarquable, autour duquel gravite quelques personnages : sa petite amie Caroline, son ami Laroque, une Mademoiselle Mystère qui l’épie depuis la table d’un café, et dont on apprend assez vite que c’est elle qui veut sa mort. Quinze jours qu’elle rôde dans le coin avec son frère Olivier, pour préparer le crime. Pourquoi ? Des retours en arrière dans le récit et l’histoire d’une famille qui peu à peu se dévoile. Un roman qui interroge sur la colère, la vengeance, le temps qui passe, la banalité de la vie… et un livre qui tient surtout par sa forme, ce récit intriguant à la deuxième personne, sans quoi j’avoue que je ne lui ai pas trouvé d’éclat particulier, intéressant au départ, noyant un peu le poisson dans des détails parfois, cherchant dans le passé une intrigue à la fois banale et pas tout à fait crédible, c’est un roman court aussi se lit-il sans déplaisir, mais il manque quelque chose, une lueur tonique qui réveillerait la médiocrité du personnage, car là, je n’en garderai pas un ‘grand‘ souvenir.

 

 

Lu aussi par Georgesandetmoi dont je partage assez bien l’avis, et les plumes d’Audrey.

 

Actes Sud, août 2009, 174 pages, prix : 18 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : Young Singer © Saul Leiter, Courtesy Howard Greenberg Gallery, et éd. Actes Sud.

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