Les jardins d'Hélène

Dans le rétroviseur # 2011

31 Décembre 2011, 12:28pm

Publié par Laure

 

Comme partout, voici venu le temps des rétrospectives, des bilans, des best-of, des bêtisiers de plus en plus indigentsstes, alors 2011 dans les Jardins, qu'est-ce qu'on garde, qu'est-ce qu'on jette ?

 

2011 fut peut-être une année de moindre lecture, du moins ici, 116 titres lus, dont 25 non commentés sur ce blog, par pure paresse. Moindre lecture, pas vraiment, car j'ai omis les multiples documents professionnels que j'ai pu ingurgiter pour préparer ce fichu concours où il n'y avait que 5 postes et 136 inscrits. J'ai raté l'admissibilité à 0,3 point près, oui c'est rageant, mais c'est le jeu ma brave Lucette, alors des doc oui j'en ai lus ! Je me suis surtout régalée à refaire un tour panoramique du métier tel qu'il est, aujourd'hui en 2011, et au fond c'est ce que j'aime, m'interroger en permanence, trouver des réponses, des pistes, et en débattre. (plus que les notes de synthèse et les études de cas). Je recommencerai au prochain, 2014 probablement  ;-)

 

Mais revenons à nos moutons, les lectures de ce blog... comme l'an passé, je serai fainéante et vous livre le tableau tout juste sorti de mon ordinateur, consultable ici sur Google documents. Ne me demandez pas pourquoi le bidule a choisi de transcrire mes dates en anglais, il y a des trucs qui m'échappent ! Lectures présentées par ordre chronologique, le fond couleur saumon signifie que je n'ai pas écrit de billet sur le livre, le fond vert correspond à ce que je sors du lot. S'il y a du vert sur le saumon, ben j'ai beaucoup aimé sans en parler !

Beaucoup de bof, quelques rares illuminations, de celles qui vous marquent longtemps par leur qualité, leur force, leur originalité, je n'en garderai que 3 :

 

La lanterne d'Aristote, de Thierry Laget (2011)

 

lanterne d'aristote

Room, d'Emma Donoghue (2011)

 

room

 

 

L'obscurité du dehors, Cormac McCarthy (1968, 1991 pour la traduction française)

 

obscurité du dehors

Et parce que 3 c'est forcément injuste, j'ajouterai :

 

Le dernier testament de Ben Zion Avrohom, de James Frey (2011)

(non commenté ici)

dernier-testament-bza.jpg

 

Un jardin sur le ventre, Fabienne Berthaud (2011)

 

jardin sur le ventre

Il y a eu d'autres belles lectures, bien sûr, et pour certaines leurs auteurs sont devenus des amis, je ne les expose pas davantage.

 

Quoi d'autre ? Je me rends compte que j'ai quasiment abandonné la rubrique cinéma et DVD, pourtant j'ai dû voir à peu près autant de films que l'année dernière, je n'ai juste pas eu envie de sauter sur mon clavier à chaque fois.

 

Je suis passée à la lecture numérique. Phrase totalement absurde puisque la lecture numérique tout le monde y est passé depuis longtemps, c'est ce que vous faites en ce moment même en lisant ce billet sur votre écran. Je suis passée à la lecture sur liseuse et à l'achat d'ebooks. Et comme je l'ai promis à quelques collègues et quelques blogueuses, oui je vous ferai un retour d'expérience prochainement.

Ça ne m'empêche pas d'aimer toujours les libraires. Et les livres. Et surtout la lecture.

 

 

Que l'année à venir vous soit douce et riche de belles découvertes !

 

route.jpg

 

Nota pour mes lectrices de la BML : ne me demandez pas les titres du top 5, on ne les a pas ! (sauf le James Frey) Certains sont passés et repartis à la BDS. Ou il s'agit de livres perso que j'ai donnés depuis !

 

 

 

 

 

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Ce qu'aimer veut dire - Mathieu Lindon

29 Décembre 2011, 10:01am

Publié par Laure

Prix Médicis 2011

 

ce-qu-aimer-veut-dire.jpgEn ouvrant ce roman auréolé du Prix Médicis, je m’attendais à découvrir un récit personnel sur les relations entre Mathieu Lindon et son père, Jérôme Lindon, le grand éditeur qui pendant plus de cinquante ans a dirigé les éditions de Minuit, et Michel Foucault, philosophe et professeur au Collège de France, qu’il a fréquenté pendant six ans de 1978 à sa mort en 1984. Et par extension, à entrouvrir le milieu littéraire et intellectuel qui leur est lié.

Hélas rien de tout cela, mais un récit d’une prétention extrême dans l’écriture souvent déroutante, mêlant des tournures très familières à d’autres très soutenues et plus rarement utilisées comme ce subjonctif : « Patrick demande d’amener l’animal à la maison. Nous, on s’en fiche, on ne sache pas que Michel ait une allergie, on accepte. » (p.97). Correct, mais étonnant. J’ai abandonné ma lecture après 140 pages de descriptions de trips à l’acide et à l’héroïne (ce qui de par la fréquence de la répétition est vite lassant et inintéressant) au cours desquels l’auteur ne rencontre finalement que très rarement Michel Foucault, celui-ci leur prêtant simplement son appartement en son absence. Quelques passages sur la rencontre avec Hervé Guibert, sur l’homosexualité de l’auteur, mais là encore, du très terre à terre, factuel et sans intérêt aucun (pour moi). Comme ça ne semblait pas évoluer, j’ai laissé tomber.

Pour feuilleter quelques pages deci-delà et tomber sur cette phrase : « Et j’ai beau me démener pour lui faire changer d’état d’esprit, je reste désarçonné quand il faut affronter l’entêté fait qu’il est parfois découragé alors que mon désarroi et l’énervement qu’il me provoque ne peut que l’enfoncer encore » (p. 306). L’entêté fait ? Le fait qu’il serait entêté ? Parce qu’avec le verbe faire conjugué je ne vois pas …

Au final, sans doute un ouvrage qui plaira à une élite germanopratine, mais qui m’est tombé des mains par la vacuité des faits narrés.

 

P.O.L, janvier 2011, 311 pages, prix : 18,50 €

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Crédit photo couverture : © éd. P.O.L

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Comment (bien) gérer sa love story – Anne Percin

27 Décembre 2011, 10:27am

Publié par Laure

comment-bien-gerer-sa-love-story.jpgMaxime est de retour ! Si j’avais adoré Comment (bien) rater ses vacances, je suis un peu plus réservée sur ce titre-là, peut-être tout simplement parce que je n’ai plus l’âge du lectorat visé. J’avais trouvé très drôle le premier volume, mais il s’enrichissait d’une profondeur intéressante sur le rapport à la famille et d’une grande sensibilité et finesse dans le récit. 

Maxime continue son bout de chemin, avec sa copine Natacha, son smartphone tout neuf, sa guitare et son ambition de musicien, traduisez « quelqu’un qui aime la musique et pas les soupes commerciales reprises par les lolitas de huit ans ». Alors pourquoi ça blesse ? (mais ça n’engage que moi !) Parce que j’ai eu dans ce deuxième volume l’impression d’un exercice de style permanent : inventer trois vannes à la ligne place forcément sur la corde raide, et pour moi, l’auteur en fait (un peu) trop. De même les pseudo notes de bas de page m’ont assez vite agacée, ajoutant à la surenchère dans l’humour. Arrêtons de surjouer pour revenir à plus de simplicité, parfois ça fait juste du bien de souffler un peu.

Et il n’y a pas vraiment de fin, sinon qu’on imagine déjà le bandeau  Comment (bien)…« saison 3 ». Pourquoi pas ?

 

p. 35 "J'ai reconnu la voix châtré de Don" : ce serait pas mieux avec un "e" à châtré ?

p. 183 " La saison 1 de Dr House repassait sur TF1, en version française évidemment, pour les ploucs." Ah ces jeunes, aucune pitié. Mais on ne peut pas demander non plus à TF1 de faire du Arte, et c'est tellement plus snob de jouer les puristes. Je suis la première à penser qu'il faut arrêter le nivellement par le bas, mais pas à penser que toutes les cultures populaires sont illégitimes. Bon, c'est un autre débat. A la cave Maxime, avec ta guitare, montre-nous de quoi t'es capable, et on en reparle.

  

   

Rouergue, novembre 2011, 244 pages, prix : 13,50 €

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Crédit photo couverture : © Dorothy-Shoes et éd. du Rouergue

 

 

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Près du sapin

26 Décembre 2011, 22:02pm

Publié par Laure

Voilà, les vacances sont finies... Je reprends le chemin du bureau demain matin. Une semaine honteusement paresseuse, à faire comme les chats de la maison :

 

chaussette-lit-AC.jpg

 

On a englouti des tonnes de chocolats, une saison et demi de "the good wife" bien calées sous la couette avec les filles, et même si plus personne ne croit au vieux barbu dans les parages, on a passé de bons moments quand même :

 

cst-noel.jpg(à faire des boucles qui tiennent 30 secondes à peine au Mosquito)

 

ac-noel.jpg(à photographier la grande en train d'essayer son APN)

 

jb-noel.jpg(à se moquer de l'optimisation du grand : manger la bûche en lisant un de ses cadeaux,  Tu mourras moins bête. Les perspicaces auront repéré aussi le  quinquennat nerveux en réserve)

 

 

Les plus courageux se sont usés là avant :

 

patinoire.JPG(c'était le début, 15 minutes plus tard ils étaient 450 sur cette piste, bouh... et moi j'étais au bar avec un bouquin et un chocolat chaud, pas folle la guêpe)

 

Et pour finir on est allés voir ça avec Mosquito :

 

chat-potte.jpg

(et on a bien aimé !)

 

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Eux sur la photo - Hélène Gestern

24 Décembre 2011, 15:30pm

Publié par Laure

 

eux-sur-la-photo.jpgHélène a perdu sa mère lorsqu'elle avait 3 ans. Remarié, son père et sa nouvelle épouse, qui l'a officiellement adoptée, ne lui ont jamais rien dit des circonstances et du passé de cette maman. Hélène, désormais âgée de trente huit ans, trouve une coupure de journal où sa mère apparaît en présence d'un homme qu'elle ne connaît pas. Elle passe une petite annonce dans un quotidien pour essayer d'en savoir plus. Une réponse lui parvient d'Angleterre, un homme ayant reconnu le nom de son père. Peu à peu, une conversation s'engage entre eux, en même temps qu'ils vont tenter de dénouer le mystère de leurs parents respectifs.

Un premier roman réussi et remarqué, qui prend la forme pour l'essentiel d'un roman épistolaire, échanges de lettres entre Hélène et Stéphane, mais aussi de courriels et plus rarement de SMS. Des descriptions de photographies, des lettres anciennes et des extraits de journaux intimes viennent enrichir le récit et expliciter le secret de famille trop longtemps tu.

On avance sereinement dans cette correspondance au charme légèrement suranné et à l'élégance un peu hors du temps, et même si la naissance d'émotions et de sentiments entre les deux protagonistes paraît convenue et attendue, l'écriture opère et séduit le lecteur, curieux de découvrir un passé dérangeant mais nécessaire dans la vie d'adulte des personnages. De même le personnage défunt, Nathalie, est attachante et touchante et l'auteur offre de très belles pages sur la passion amoureuse, le chagrin, la réaction des enfants sur les actes de leurs parents.

Pas de surprise extraordinaire dans ce roman (on s'attend un peu à tout ce qui est dit), mais une façon fort agréable de le construire et de délivrer peu à peu ses secrets.

 

Arléa, coll. 1er/mille, août 2011, 273 pages, prix : 19 €

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Crédit photo couverture : © éd. Arléa.

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La confusion des peines - Laurence Tardieu

14 Décembre 2011, 11:17am

Publié par Laure

confusion-des-peines.jpgJe m’interroge toujours sur cet ouvrage qui indique bien « roman » sur sa page de titre mais qui pour moi n’en est pas un, dans le sens habituel où en effet il ne crée pas de toute pièce une histoire, mais il questionne sur ce qu’est la littérature pour écrire la vie.

Pour résumer succinctement, Laurence Tardieu revient sur sa nécessité vitale de s’adresser à son père pour lui dire enfin ce que depuis dix ans elle cherche à lui dire. En 2000, son père, haut dirigeant de la Générale des Eaux, était condamné à de la prison ferme pour corruption dans une affaire de marchés publics. Au même moment mourait sa mère, emportée rapidement par un cancer. Elle n’a jamais réussi à parler de tout cela avec son père, car dans sa famille, on se tait, on ne dit pas ses émotions ni ses sentiments. L’affaire elle-même n’est pas le sujet du livre, elle a été jugée, il a purgé sa peine, mais c’est son rapport au père qui intéresse l’auteur, et la transgression de l’interdit qu’il lui a intimé : « Tu ne veux pas que j’écrive ce livre. Tu me l’as demandé. […] Ce livre, Laurence, tu l’écriras quand je serai mort. Voilà  ce que tu m’as dit. » Mais il en va pour elle comme d’une renaissance, du besoin vital d’enfin prendre à bras le corps cette incommunicabilité, et de dire à son père l’amour qu’elle a pour lui.

Je me suis souvent sentie embarquée contre mon gré dans des propos trop intimes, qu’avais-je à faire là moi lectrice dans une histoire qui ne concerne que Laurence Tardieu et son propre père ? Allais-je pouvoir me raccrocher à une universalité des mots, d’un propos littéraire, pour me sentir pleinement lectrice d’une œuvre et non plus spectatrice affublée d’un voyeurisme malsain ? Je ne sais toujours pas dénouer tout cela, en revanche j’ai retrouvé, comme dans ses précédents romans, la grande sensibilité de l’auteur, sa justesse à exprimer des émotions, sa douceur qui ne tait pas la violence intérieure qui était la sienne.

Et le très beau titre dit aussi à lui seul cette « confusion des peines », qui trouve sa lumière à la fin.

 

 

Stock, août 2011, 153 pages, prix : 16 €

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Crédit photo couverture : © éd. stock

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Noyeux Joël ! - Stephanie Blake

8 Décembre 2011, 11:48am

Publié par Laure

noyeux-joel.jpgUn nouvel album de Stephanie Blake ! De saison ! Retrouvons vite Simon et son petit frère Gaspard. « Ce soir, c’est Noël. Simon est allé chercher un sapin avec papa » N’y aurait-il donc plus que ma belle-mère et les albums jeunesse pour faire le sapin de Noël le 24 décembre, et pas le 24 novembre comme de plus en plus fréquemment ? Rien que ça, ça me réjouit ! Simon et Gaspard déballent les décorations de Noël avec leur maman et « font le sapin ». Mais Simon est inquiet car il neige à gros flocons, comment le Père Noël trouvera-t-il le chemin de sa maison ? En catimini, avec Gaspard, il va faire une belle piste d’atterrissage avec les guirlandes lumineuses du sapin. Au petit matin, les cadeaux sont bien là, mais le papa se demande bien où sont passées ses guirlandes !

Ah les facéties de Simon, on ne l’arrête plus ! Un incontournable pour les enfants fans de ce petit lapin, la valeur sûre qui fait plaisir à tous les coups, pour les irréductibles depuis Caca boudin et Je veux des pâtes ! L’univers reste familier (couleurs, illustrations, narration) et drôle, pour la joie des petits (et de leurs parents).

 

(bon d'accord, j'ai raconté toute l'histoire, mais c'est pas un polar non plus hein)

 

 

L’école des loisirs, novembre 2011, prix : 12,50 €

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Crédit photo couverture : © Stephanie Blake et L’école des loisirs

 

 

 

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La couleur des sentiments - Kathryn Stockett

5 Décembre 2011, 20:37pm

Publié par Laure

 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Girard

 

couleur-des-sentiments.jpgA Jackson, Mississipi, entre 1962 et 1964, Skeeter, jeune fille blanche de bonne famille, entreprend d'écrire un livre de témoignages de bonnes noires, afin de révéler leurs conditions de vie réelles et leurs relations avec leurs patronnes. Elle noue des liens avec quelques unes d'entre elles pour mener à bien son projet.

Premier roman devenu rapidement best-seller, adapté au cinéma, la couleur des sentiments a remporté l'adhésion d'un très grand nombre de lectrices, dont celles du magazine ELLE qui lui ont décerné leur grand prix 2011.

Beaucoup en ont parlé avec des étoiles dans les yeux et des trémolos dans la voix, j'ai attendu patiemment qu'il soit disponible à la bibliothèque, un peu refroidie quand même par un récent échange avec une collègue qui l'avait abandonné en route, le trouvant simpliste et sans grand intérêt. (gloups)

 

La trame choisie – alternance des points de vue des personnages principaux, Aibileen, Minny et Skeeter – fonctionne bien, avec le revers attendu : l'intrigue est ultra prévisible, et malgré la vraie densité des personnages, tout comme la galerie de personnages secondaires qui gravitent autour, on n'évite pas une histoire cousue de fil blanc, qui n'est jamais loin du mélo un peu mielleux.

C'est agréable à lire, bien sûr, mais ça reste très superficiel sur le fond historique, tout juste le Ku Klux Klan et Martin Luther King sont-ils cités une fois ou deux, mais sans aucun développement, même romanesque, pourtant sur un tel sujet il y avait matière donner un peu de sérieux à l'ouvrage ? A trop développer toujours le même exemple (l'interdiction pour le personnel noir d'utiliser les toilettes de leurs patronnes blanches), et à attendre indéfiniment ce qu'ont bien pu commettre Minnie et Constantine, on finit par s'enliser dans un roman répétitif qui tourne un peu en rond. Trop pétri de bons sentiments, on obtient un solide roman de détente, mais qui perd toute force lorsqu'il s'agit d'évoquer le ségrégationnisme ou les engagements des intégrationnistes. C'est « gentillet » quoi.

L'exercice de style façon jolie romance avec clichés forcés m'a laissée en dehors de toute émotion, point de sourire ou de larmes pour ma part, malgré quelques scènes cocasses qui donnent un peu de peps à l'ouvrage.

 

 

Ed. Jacqueline Chambon, septembre 2010, 525 pages, prix : 23,80 €

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Crédit photo couverture : © Marion Post Wolcott / Library of Congress FSA Collection … / éd. Jacqueline Chambon.

 


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Juste après dresseuse d'ours - Jaddo

3 Décembre 2011, 11:06am

Publié par Laure

(Les histoires brutes et non romancées d’une jeune généraliste)

 

jaddo.jpgEn guise de préambule, le pourquoi du comment j’ai acheté ce livre. Lorsque ma fille était en 3ème, l’an dernier donc, il fallait absolument qu’elle mette un métier sur ses fiches d’orientation. Sauf qu’à 14 ans, elle ne savait fichtrement pas ce qu’elle voulait faire plus tard, et bonne élève, toutes les portes lui étaient encore ouvertes. Comme de toute évidence elle a un goût plutôt prononcé pour les sciences, on a bien essayé de gruger, en mettant bac s, tu parles, c’est un métier qu’ils veulent dans leurs petites cases et cervelles bornées, pas un vague « études supérieures mais on sait pas encore lesquelles ». Alors on a fait les tests sur le site internet du collège (je dis « on » parce qu’on a tellement éclaté de rire à la lecture de ses résultats que j’ai fait le test aussi, et que j’ai obtenu sensiblement les mêmes réponses – alors que moi je ne suis pas matheuse pour deux sous, loin s’en faut.) : les résultats furent édifiants, les métiers qui correspondaient à son profil étaient dans l’ordre (alphabétique visiblement) : bûcheron, cavalier de la garde républicaine, coiffeur, infirmière, maçon, médecine (notez qu’il n’est pas écrit « médecin ») et je ne sais plus quoi de  tout aussi varié et farfelu. Alors pour avoir la paix, on a mis « médecine » sur la fiche de 3ème, tout en commençant à réfléchir à cette éventualité. On vit dans un désert médical rural, on a une super généraliste mais qu’on a dû suivre à 30 km, autant dire qu’on ne va pas consulter pour une grippe ou une gastro vu qu’on n’est pas trop en état de conduire, et que tous les rares autres dans le coin, tu sais ce qu’il y a sur l’ordonnance avant même d’y aller, consultation en 7 minutes chrono le temps de remplir le chèque compris, et de toute façon ils ne t’écoutent pas. Bref. Je lui ai offert ce livre. Elle l’a lu dans la journée, me l’a redonné pour que je le lise, en me disant : « au moins maintenant je suis sûre d’une chose, je ne ferai jamais médecine »

Pourquoi donc ? Parce que médecin, c’est soigner les gens, ce n’est pas se battre avec 36000 absurdités économico-politiques et j’en passe. Je lui ai passé tout Winckler derrière, ce qui n’a fait que la conforter dans son verdict : elle ne fera pas médecine. Ce qu’elle veut maintenant, tenez-vous bien, c’est être technicienne dans la police scientifique (vous savez, les experts, pour quelqu’un qui ne regarde pas ou peu la télé, au secours), pour savoir si le poil trouvé sur la scène de crime, c’est un poil humain, un poil d’ours, ou un poil de pull angora teint en rose. Tu vois, Jaddo, si t’avais pas voulu dresser les ours on n’en serait pas là. Des poils d’ours… argh.

 

Fin du préambule. Venons-en au livre.

 

Jaddo, c’est d’abord l’auteur d’un blog, qui chronique son quotidien de jeune médecin généraliste remplaçante, mais qui revient aussi sur ses études, son externat, son internat, les grands chefs, et les malades, tout le monde en prend pour son grade, et c’est justifié. De ce blog un éditeur a fait un livre, préfacé par Martin Winckler, car bien sûr on ne peut s’empêcher de penser à la maladie de Sachs, aux trois médecins, etc. Ce qui ressort de ce livre, outre l’humour et la sensibilité de la perception des situations, c’est l’absurdité, l’agacement, la colère, la bêtise. On pense médecine humaniste et égale pour tous, on gère des trucs invraisemblables. Le livre de Jaddo remet un peu d’humanité et de bon sens là où il n’y en a plus guère, et c’est salutaire. On devrait offrir ce livre à tous les patients (pardon, clients consommateurs qui y ont droit parce qu’ils cotisent) et à tous les décideurs.

Un bon moment « tranches de vie », agréable à lire et qui vous ouvre les yeux.

 

Moi je crois que c’est pour lutter contre tout cela justement que ma fille devrait faire médecine, parce que je suis pas sûre qu’il y ait de l’avenir dans les poils d’ours (à moins qu’on les clone), mais bon, à 15 ans et en classe de 2nde, je dis surtout qu’elle a toute la vie devant elle et encore au moins 2 ans avant de faire un premier choix. (Parce que pour avoir un fils en terminale, je vous confirme que le choix se fait au plus tard en janvier février, c’est-à-dire bien avant le bac). Et que même si elle fait coiffeuse de poney avec les bûcherons, c’est bien aussi.

 

Fleuve noir docs, octobre 2011, 292 pages, prix : 14,90 €

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Crédit photo couverture : © Boulet et éd. Fleuve noir.

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Une fois encore ! - Emily Gravett

2 Décembre 2011, 16:24pm

Publié par Laure

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(Traduit de l’anglais par Elisabeth Duval)

 

Petit dragon veut une histoire avant d’aller se coucher. Sa maman s’y prête bien volontiers. Mais petit dragon réclame toujours et encore la même histoire, encore, encore, encore ! Sa maman est épuisée, et petit dragon s’énerve… avec une jolie chute qui chahute jusqu’à l’objet livre !

Les albums d’Emily Gravett sont toujours des petits trésors, celui-ci ne déroge pas à la règle : l’œil attentif y décèlera moult détails, explorez la deuxième de couverture, les rabats et les pages liminaires : l’histoire commence déjà alors que pas un seul mot n’est encore écrit… Et puis j’aime cet humour : « une fois encore », laissez-vous surprendre : l’album comporte une page de titre tout ce qu’il y a de plus normal : titre, auteur, éditeur… tournez la page, et vous avez la même en bis. Ah, l’éditeur s’est trompé ? Mais non, observez, cette fois il y a un point d’exclamation après le titre, et le dragon vous fait un clin d’œil ! C’est le genre de détails et le travail sur la mise en abyme du texte dans l’album qui en décuple son attrait et en rend la lecture plaisante à tout âge.

 

(intérieur couverture)

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 (toutes images : © Emily Gravett et éd. kaleidoscope)

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Alors oui 15 euros pour un album lu en 5 minutes, c’est cher, mais celui-ci sera amorti croyez-moi, car vous le relirez encore et encore (et une fois encore !), le travail éditorial est très soigné (cf. la surprise à la fin), comme toujours pour cette maison d’édition. Ça n’a l’air de rien sur le moment, mais plus tard quand vos enfants seront grands, ils se souviendront encore et toujours de l’histoire qu’ils vous réclamaient petits et seront capables bien souvent de la réciter par cœur ! (foi de grands ados élevés jadis à caca boudin et au lit petit monstre !)

Cet album d’Emily Gravett rend hommage à cette magie de la lecture, et offre un clin d’œil malicieux aux parents épuisés !

 

Dès 3 ans et pour tous ceux qui ont gardé ces beaux souvenirs de lectures d’enfance.

 

(et puis le point de rassemblement sécurité incendies pour dragons, moi j'adore)

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(extrait 4ème de couv) 

 

Kaléidoscope, octobre 2011, 32 pages, prix : 15 €

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Crédit photo couverture : © Emily Gravett et éd. Kaléidoscope

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