Les jardins d'Hélène

Blessure d'amour-propre - Martin Veyron

15 Février 2010, 07:07am

Publié par Laure

blessure-d-amour-propre.jpgEn 1983, Martin Veyron publiait un album érotique sur le point G (fameux point G qui fait polémique aujourd’hui !), dont il tirait même un film deux ans plus tard, album qui semble lui avoir collé à vie une image de pornographe, dont il souhaiterait bien se débarrasser.

Un quart de siècle plus tard, il se met donc en scène dans un album pseudo autobiographique pour apporter une suite à l’affaire, qui peut tout à fait se lire indépendamment aussi. (Pour ma part, j’avais découvert Martin Veyron à travers un autre album, je ne sais plus lequel !)

Vieillissant, il accuse comme beaucoup d’hommes de son âge des problèmes de prostate, et restant pour les médias et le public l’auteur d’un seul livre, il galère financièrement. Une jeune journaliste le contacte pour un reportage sur le point G. Il l’envoie d’abord bouler, il en a marre, il voudrait enfin en sortir, de cette vieille histoire. Et puis le récit prend une tournure un brin loufoque, car quand on a besoin d’argent, jusqu’où peut-on aller surtout quand c’est si facile ? A un nouveau job juteux se mêle les problèmes du héros qui a dû choisir lors de son opération de la prostate entre incontinence ou impuissance.

Le scénario reste sympa et surprenant, dérangeant aussi, mais je ne suis pas très sensible au dessin, les femmes sont toutes très laides chez Veyron je trouve, ce n’est pas leur rendre hommage ! Et quelle idée aussi d’avoir choisi une police de caractère aussi grande et envahissante (pour le coup ça fait vraiment papy prostatique et presbyte) ! J’aime bien la couverture quand même : ces escaliers d’immeuble où se retrouvent exceptionnellement et simultanément toutes les femmes de l’histoire…

 

Dargaud, octobre 2009, 82 pages, prix 14,50 €

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Crédit photo couverture : © Martin Veyron et éd. Dargaud.

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Valentine's day postcard

14 Février 2010, 09:57am

Publié par Laure

Pour cause de correspondante allemande et d'écrivain en promenade, cela fait quinze jours que je travaille non stop. Pas une seule petite grasse matinée depuis deux semaines...

Alors quand un colis surprise vient me réchauffer le coeur pour ma première journée de repos depuis longtemps, il n'en est que meilleur. [non le facteur ne passe pas le dimanche, il est arrivé un peu avant, je dis ce que je veux d'abord]

Merci à mon fidèle fournisseur de me gâter en thé hors de prix tout au long de l'année, et pour ce cru de St Valentin 2010, particulièrement réussi. (Parfois, les amis valent mieux encore que les amants.)


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L'emballage est chic et soigné : papier de soie noir, boîte carton façon parfum, boite métal à double couvercle, arôme divin … Bon dimanche à vous ! (moi ça va, un régal de thé, du pain frais croustillant, plein de bonnes choses à mettre dessus, une avalanche de livres et DVD en retard, que du bonheur)

 

 

 


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Moi, j'attends... - Davide Cali et Serge Bloch

13 Février 2010, 11:08am

Publié par Laure

moi-j-attends.jpgMoi, j’attends est un bel album indémodable qui se lit à tout âge (à partir de 7-8 ans quand même), extrêmement simple et dépouillé en apparence mais riche d’émotions qui en toucheront beaucoup, jeunes et grands.

Le format à l’italienne (12 cm sur 28 de large), qui figure également l’enveloppe d’une lettre sur sa couverture se prête parfaitement au déroulement du fil rouge de l’histoire. Car de fil rouge il est question, au propre comme au figuré.
Un petit garçon tire le fil rouge d’un écheveau de fil à broder, quand vous ouvrez l’album, vous le  voyez tirer son fil (n’oubliez pas qu’en raison du format, vous êtes sur 56 cm de largeur) et attendre… A tout âge on attend quelque chose : de grandir, un bisou avant de dormir, que le gâteau soit cuit, son amoureuse, et ici aussi la fin de la guerre, le mariage, les enfants, la maladie, la mort, les petits-enfants.
Tout au long des pages et de la vie le fil rouge vous accompagne, et quand le couple se chamaille, le fil s’emmêle. Parfois il n’est qu’un tout petit bout qui fait le lien, ou la couleur de l’espoir dans le ventre qui va enfanter. Un album qui a du sens, derrière son apparente simplicité.

Simple, beau, indémodable. Ça s’appelle une valeur sûre !

 

 

Ed. Sarbacane, mai 2005, prix : 13,50 €

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Crédit photo couverture : auteurs et éditeur

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Le baby-sitter - Jean-Philippe Blondel (+ l'histoire d'une rencontre)

10 Février 2010, 17:52pm

Publié par Laure

baby-sitter.jpgAlex, étudiant en anglais de 19 ans, a du mal à boucler ses fins de mois et à remplir son frigo. Il ne veut pas demander davantage d’aide à sa mère, et se décide à chercher un job. Cours de langue, fast-food, … quand excédé par les pleurs du bébé à l’étage au-dessus, il se dit tiens, baby-sitter, pourquoi pas… Il dépose sa petite-annonce à la boulangerie, et Mélanie, la boulangère, l’embauche immédiatement pour garder ses enfants un samedi soir. Elle va lui faire une pub d’enfer, et il va vite être demandé par de nombreuses familles.

Ainsi commence l’histoire d’Alex, et des rencontres qu’il va faire, rencontres qui vont s’entrecroiser et l’aider à se construire. Rassurez-vous, on ne va pas vous parler de couches et jeux de société pour occuper les mômes, car très vite, Alex va surtout devenir le baby-sitter des parents, pas physiquement évidemment, mais en tant que confident attentif. Problèmes de couples, solitude, difficultés, Alex va sans vraiment le vouloir aider ces familles, tout comme en retour ces gens l’aideront à « grandir ». La galerie de personnages qui gravitent autour d’Alex est variée et bien creusée, ces hommes et ces femmes ont une vraie profondeur. Un personnage en particulier va prendre une place importante dans la vie d’Alex (et donc dans le roman), c’est celui de Marc, en souffrance depuis le départ de sa femme mutée à 200 km, et qui se retrouve seul avec ses deux fillettes, son épouse ne rentrant que le week-end.

Je n’en dis pas plus, sinon que la fin est très bien construite également, positive, rendant sa voix à chaque personnage, et donnant à Alex une maturité nouvelle.

 

J’ai lu ce livre il y a un moment déjà, et je n’ai pas souhaité en parler avant. De même vous remarquerez que finalement je n’en fais qu’un résumé sans vous dire vraiment pourquoi je l’ai aimé. Parce que les résonances en moi sont difficiles à expliquer, parce que ce que Blondel réussit à merveille et il le sait, c’est cette observation fine des gens, de leurs failles et de leurs joies aussi. Il a le regard juste pour traduire ce quotidien en apparence banal, ces vies ordinaires qui quand on lève un peu le voile sont bien plus riches qu’on ne l’imaginait.

Blondel s’inscrit aujourd’hui dans une littérature contemporaine comme je l’aime : la vie quotidienne telle qu’elle est, et quand on vous parle des autres, on ne vous parle jamais au fond que de vous-même. Un roman sensible et humain, qui finit bien, mais qui réussit aussi à vous filer un sacré coup de blues au passage.

 

p. 111 : « Tu verras, toi aussi. C’est difficile de tout tenir en même temps. Alors, l’amour, tu sais… Les sentiments, ce n’est plus une priorité. La priorité, c’est suivre le rythme. Ma soupape de sécurité, tu vois, c’est les romans. Les histoires des autres. Et puis le baby-sitting. Pendant l’espace d’une soirée, tu peux te faire croire que tu vis une vie sympa et enrichissante. Faite de petits restaus et de balades sur la plage, main dans la main. Sauf qu’il n’y a pas de plage et que je déteste qu’on me prenne la main […] »

 

p. 176. : « Les vieux, c’est comme les animaux domestiques au bout d’un moment. Soit on les laisse dans leur chenil, mais on culpabilise tout l’été, soit on les emmène avec soi et ça tourne au pugilat. Alex avait proposé de les abandonner sur une aire d’autoroute ou le long d’une nationale. Ils en avaient ri tous les deux. »

 

p. 181 : « Le toubib m’a dit en riant qu’une des façons d’en guérir, c’est d’écrire des romans. La fiction sur papier, c’est inoffensif. Et ça permet tous les excès. »

 

Editions Buchet-Chastel, janvier 2010, 297 pages, prix : 19 €

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Crédit photo couverture : © Getty Images / Zia Soleil et éd. Buchet-Chastel

 



Il y a eu le livre donc, puis il y a eu la rencontre. Le lundi 08 février, je recevais Jean-Philippe Blondel à la bibliothèque, pour une rencontre avec les lecteurs et un échange autour du baby-sitter.

Plus qu’une rencontre professionnelle, c’était aussi une rencontre amicale. Jean-Philippe intervenant sur deux journées dans le département auprès des collégiens pour le prix des lecteurs 13-16 ans pour Au rebond, il m’a fait la gentillesse de faire un détour par chez nous.

Ce que je retiendrai d’abord de cette rencontre, c’est la formidable complicité délirante qui s’est formée entre JBA et JPB. Contrairement aux faits divers habituels, ici les noms et prénoms des victimes sont authentiques, mais pour la rapidité du clavier, nous les raccourcirons en JBA et JPB, le premier étant mon fils de 15 ans, le second étant l’auteur du Baby-sitter. Ces deux-là se sont d’emblée entendus comme larrons en foire. Il faut dire que le JPB a de la bouteille en tant que prof de lycée, et les ados, il connaît, il sait leur parler. Passées quelques considérations lycéennes, ils ont parlé d’art. Eh oui, Ah oui, tout arrive. Car il se trouve qu’à côté de la bibli à ce moment-là, nous avions une expo (pardon Yves, pour tout ce qui va suivre, je jure que j’ai fait mon possible, mais ils ont eu le dessus !) et que JBA a eu envie de la faire visiter à JPB. Et puis JPB a été très très fort aussi, car il a réussi à faire venir le JBA (15 ans, je vous le rappelle) à l’animation littéraire organisée par sa mère un soir à son boulot, pensez donc, incredible ! Et à partir de là, croyez-moi, ils n’ont cessé de délirer toute la soirée autour de maisons et de rouges-gorges, de se lancer des jokes en pleine conversation avec le public sur le baby-sitter, et moi, de tout cela, je garde le souvenir d'avoir ri comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps. C’était une telle obsession pour eux cette expo, que le lendemain matin, ils ont envisagé une expérience d’art brut sur les murs de ma cuisine, avec le reste des spaghettis trop cuits de la veille. Et puis le matin juste avant de déposer le JBA au lycée et le JPB à la gare, ce dernier rappelait au premier de ne pas oublier de faire son devoir (oui n’oubliez pas que JPB est d’abord prof !) : JBA doit donc rendre un dessin comprenant obligatoirement une maison et un rouge-gorge. Comme c’est aussi optionnel que l’anglais comme matière (JBA considère qu’en dehors de la physique-chimie qu’il idolâtre, tout est optionnel), il n’a pas été trop dur sur le délai : JBA y réfléchira donc pendant les vacances.

Et comme nos deux compères étaient vraiment en pleine forme, ils ont même signé le livre d’or de l’expo :

 


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Ce matin dans la boîte mail professionnelle, je trouvais un mot gentil d’une lectrice qui me disait merci et bravo pour cette rencontre très agréable. De mon côté, je garde quelques livres dédicacés, et le sourire à cette phrase de Mosquito lorsque je suis rentrée seule mardi soir : « ben il est pas là Jean-Philippe ? » - Ben non, tu sais bien que c’était juste une visite à la bibli !

 

De son côté, JPB est reparti avec les traditionnels cadeaux que j’essaie de faire à mes invités : bah non j’allais pas lui fourguer un pot de rillettes ou un plan du circuit des 24h, alors comme Alex, personnage du roman, aime les blocs-notes, je lui en ai offert quelques uns :

 

 

extrait bloc ben 

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Et puis cette dernière photo est nulle mais je l’adore, car JBA, au lieu de tenir soigneusement la caisse des dédicaces, est plié en deux de rire car JPB est en train de lui raconter une histoire de maison. Oui, encore.


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Et comme JPB est poli et bien élevé, il ne vous dira pas que chez moi c’est un bazar innommable, qu’il y a des livres qui traînent partout (pas que des livres, mais bon, hein), que j’achète mes enfants à coup de Leffe et que Mosquito ne dort jamais avant 23h30 (bon n’appelez pas la DASS tout de suite non plus, ce n’est pas l’entière réalité), que le chat est complètement barré et l’a emm... toute la nuit, que j’héberge aussi de jolies blondes qui disent à peine trois mots de français mais à qui je fais quand même visiter la Tour Eiffel, …mais moi je vous le dis, un jour ça risque fort de me retomber sur le coin du nez tout ça : je ne suis pas certaine d’oser acheter les prochains romans de Jean-Philippe Blondel, je risquerais d’y trouver du vécu !

 

 

PS : oui bien sûr en aparté on a aussi parlé des blogs, mais de façon sérieuse et instructive : c’est intéressant (et juste !) le point de vue d’un auteur sur les relations éditeurs / blogosphère. Réfléchissez deux minutes : vous en voyez beaucoup vous, des éditeurs de littérature (pour n’en citer que quelques uns : Minuit, P.O.L, Actes Sud, Joëlle Losfeld, Gallimard, …) qui inondent la blogo de leurs SP ? Non, pour l’arrosage en masse, vous voyez plein d’autres maisons, mais pas celles-ci. Concluez ce que vous voulez, vous êtes assez grands pour le faire … (PS : ce n’est aucunement un jugement, juste un constat !)

 

Merci à toi, JPB, pour cette belle et sympathique rencontre.

Quant à toi JBA, tu ne me lis pas, mais je te rappellerai quand même que tu as un dessin à rendre.

JBA et JPB sont officiellement devenus Grands Copains des Zarts le 08 février 2010.

 

Et pour finir sur une note littéraire, nous avons profité de la rencontre avec le public pour reparler d’un coup de cœur commun : Anne, nous aimons votre livre !

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