Les jardins d'Hélène

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Patient zéro – Renaud Saint-Cricq, ill. de Nicoby

10 Mai 2021, 13:21pm

Publié par Laure

Sous-titre : à l’origine du coronavirus en France

Scénario : Renaud Saint-Cricq, d’après une enquête de Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin et Renaud Saint-Cricq ; dessin : Nicoby ; couleur : Philippe Ory

 

L’Oise est le premier département français touché par le coronavirus en février 2020, deux hommes sont testés positifs, ils ne se connaissent pas, ne se sont pas croisés, ne reviennent ni de Chine ni d’Italie. L’un deux mourra à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, il s’appelait Dominique Varoteaux, il était enseignant, âgé de 61 ans.

L’enquête commence pour identifier très vite les contacts pour isoler, tracer, casser les clusters. Mais l’intérêt scientifique cherche aussi à remonter au fameux patient zéro, celui qui est à l’origine de l’épidémie en France. On veut comprendre. Les équipes cherchent, déduisent, notent, analysent, mais rien ne colle. Et puis même si l’on trouve, on lui dira quoi à ce gars, à cette femme ?

Ce qui est intéressant dans cette BD, c’est bien évidemment sa lecture avec le recul un an et quelques mois après. La mesure de l’écart entre ce que l’on sait aujourd’hui et ce que l’on savait à l’époque. Les choix qui ont été faits et comment ils ont rapidement évolué.

Les entrelacs complexes entre les scientifiques, les professionnels de santé, et les politiques.

Je ne suis pas spécialement fan des dessins, et à part Didier Raoult, je trouve les personnages politiques et médiatiques assez peu ressemblants. Mais la ligne est claire et l’ensemble se lit aisément.

Une BD à valeur de mémoire documentaire.

 

Voir un extrait :

https://www.glenat.com/hors-collection-glenat-bd/patient-zero-9782344045350

 

 

Glénat, février 2021, 111 pages, prix : 17,50 €, ISBN : 978-2-344-04535-0

 

 

Crédit photo couverture : © Nicoby et éd. Glénat

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Le col de Py - Espé

22 Avril 2021, 14:33pm

Publié par Laure

Déjà parents d’une petite fille, Camille et Bastien s’apprêtent à accueillir Louis. La naissance se passe bien, mais très vite les médecins diagnostiquent une grave malformation cardiaque qu’il faudra opérer mais il faut d’abord gagner du temps. Plusieurs interventions sont possibles mais le risque est élevé et le choix difficile.

Une très belle histoire personnelle qui touche de par la force d'esprit exceptionnelle de ce grand père toujours positif, et de par le drame angoissant bien sûr que vivent les parents du petit Louis.
L'ensemble est plein d’espoir et de beauté malgré tout, et malgré un langage médical très technique qui perd un peu le lecteur.
Pas totalement fan des dessins mais une belle BD "histoire (au singulier) de vies (au pluriel)" comme le souligne le sous-titre.

 

 

Bamboo éd., coll. Grand Angle, juin 2020, 103 pages, prix : 17,90 €, ISBN : 978-2-8189-7617-3

 

 

Crédit photo couverture : Espé et éd. Bamboo

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Les Oiseaux – Troubs

25 Mars 2021, 13:10pm

Publié par Laure

Coup de cœur pour cet album emprunté par hasard au détour d’une médiathèque, pour sa couverture et son dessin peut-être, car je n’en avais jamais entendu parler.

L’auteur chemine en forêt et engage la conversation avec un rouge-gorge qui peine à trouver de la nourriture. Il cherche un arbre, un arbre à qui parler, un arbre qui ait de l’oreille… Alternent des scènes qui se passent à Beyrouth, dans une ville où la nature a disparu et où le béton a pris toute la place. C’est avec une tourterelle qu’il discutera, de l’évolution de la ville, de la guerre, de la main de l’homme qui a détruit toute la verdure, à l’exception de ce Bois des Pins, et d’un maigre eucalyptus entre les hauts immeubles. (L’histoire se passe avant les explosions d’août 2020).

D’emblée j’ai aimé les dessins, la mise en couleur, le propos, qu’ils soient de la nature ou de la ville. La fable écologique est bien évidemment présente, mais sans être lourde, car le dessin l’emporte. Les couleurs de la ville alternent avec celle de la forêt, qui évolue elle aussi au fil des saisons.

Une très belle découverte.

p. 82/83 : « Pour moi, Beyrouth est à l’image de ce que sera le monde de demain. Urbain. Surpeuplé. Sans presque plus de plantes ni d’animaux. En tension et sans harmonie. Sans l’harmonie éclatante et subtile d’une forêt. »

Regardez la nature, respirez-la, plus que jamais en ces temps moroses, mais pour demain également.

 

Futuropolis, février 2021, 85 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-7548-2749-2

 

 

Crédit photo couverture : © Troubs et éd. Futuropolis

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Le vieil homme et son chat (tome 3) : se frisent les moustaches – Nekomaki

17 Mars 2021, 11:04am

Publié par Laure

 

Ils sont mignons ce vieil homme et son chat, inséparables, bougons au cœur tendre l’un comme l’autre. Dans ce tome en particulier, les querelles de voisinage prennent le dessus, au centre du débat : les chats qui viennent salir ou endommager le terrain des uns ou des autres. Ça se chamaille pour la forme, mais ils ne sauraient vivre l’un sans l’autre, veillant l’un sur l’autre et comblant leur solitude. Quand un jeune docteur arrive de la ville, on lui souhaite bien du courage, face à ces petits vieux têtus comme des mules, et on sourit à voir sa tête devant les curieux plats de poissons et crustacés divers qu’ils lui font déguster.

Aquarelles, tons pastel, rythme des saisons, c’est toujours aussi sympa, surtout pour la relation homme-chat !

 

 

 

Nota : les tomes peuvent tout à fait se lire séparément ou dans le désordre

 

Casterman, octobre 2019, 172 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-203-15568-8

 

 

Crédit photo couverture : © Nekomaki / éd. Casterman

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Simone Veil, l’immortelle – Pascal Bresson (scénario) / Hervé Duphot (dessin)

3 Mars 2021, 09:30am

Publié par Laure

26 novembre 1974, Paris. Simone Veil, ministre de la Santé, est à la veille de présenter son projet de loi de dépénalisation de l’avortement à l’Assemblée.

Les débats sont violents. René Feit, député du Jura fermement opposé au projet, ira même jusqu’à le comparer au racisme nazi. Il n’en faut pas plus à Simone Veil pour replonger dans son passé de déportée juive, du moins c’est le chemin proposé par le scénario.

Classique, informatif, sobre, avec un choix de couleurs uniques liées au temps de l’histoire évoqué, Simone Veil, l’immortelle est une biographie historique et humaine nécessaire.

 

 

 

Marabulles, juillet 2018, 176 pages, prix : 17,95 €, ISBN : 978-2-501-11782-1

 

 

Crédit photo couverture : © Hervé Duphot et éd. Marabulles

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Une touche de couleur – Jarrett J. Krosoczka

1 Mars 2021, 17:30pm

Publié par Laure

Ou Comment j'ai perdu ma mère, trouvé mon père et fait face aux addictions de mes parents

Traduction de l’anglais (États-Unis) par Margot Negroni

 

Le récit autobiographique d’un enfant élevé par ses grands-parents et devenu auteur et dessinateur de bandes dessinées. Jarrett n’a jamais connu son père, et sa mère a toujours été absente : entre prison et désintox à l’héroïne, il a été élevé par ses grands-parents, dans un foyer aimant, bienveillant et encourageant, même si sa grand-mère avait un sacré caractère un peu tordu ! Il est un peu le dernier enfant de cette famille nombreuse, même si les autres sont ses oncles et tantes.

Le récit se fait très discret sur le parcours de la mère et du père longtemps inconnu, peut-être parce que le narrateur n’en a jamais su grand-chose, grandissant dans un silence qui se voulait protecteur. Adolescence et choix d’orientation, soutien grand-paternel vers des études artistiques, l’ensemble du propos est simple mais touchant avec un bon point pour le dessin et la mise en couleur que j’aime beaucoup, bien que le graphisme soit constant sur les 300 pages que constitue l’album.

L’amour fait grandir droit, peu importe d’où il vient, du moment qu’il existe.

 

 

Ed. Delcourt, Coll. Encrages, février 2020, 320 pages, prix : 24,95 €

 

 

Crédit photo couverture : © Jarrett J. Krosoczka et éd. Delcourt

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Peurs bleues – Mathou

27 Décembre 2020, 13:48pm

Publié par Laure

De Mathou je connaissais surtout les dessins mensuels pour bullet journal et j’avais acheté en 2020 son joyeux journal, un agenda qui mettait un peu de gaité dans le quotidien, et qui avait pour sous-titre : « en 2020, tout va bien ». Autant dire qu’en 2020 l’agenda est resté souvent confiné au bureau et la plupart des activités d’animation d’une bibliothécaire ayant été annulées, n’a pas beaucoup servi. Mais j’aime le trait rond de Mathou, ses dessins me mettent de bonne humeur, et la police choisie est tout aussi plaisante et facilite la lecture.

Peurs bleues est une BD qui fait du bien, parce que ça fait toujours du bien de voir qu’on n’est pas seul à avoir telle ou telle peur ou névrose. Ça commence doucement avec des peurs simples, la peur du noir, d’être enfermée dans ascenseur, la peur de l’avion, puis ça devient un peu plus profond. Chacun.e pourra se retrouver dans telle ou telle idée, la peur de la mort, la peur du regard des autres (le surpoids, le physique, etc.), la peur de dire non, la peur de déranger…

La conclusion bienveillante dans un esprit feel good à la sauce développement personnel est peut-être de trop, mais allez, un petit bonbon de temps à autre, ça ne se refuse pas !

 

Delcourt, février 2020, 160 pages, prix : 18,95 €, ISBN : 978-2-413-02275-6

 

Crédit photo couverture : © Mathou et éd. Delcourt

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Malgré tout - Jordi Lafebre

26 Décembre 2020, 14:34pm

Publié par Laure

C’est une histoire d’amour à rebours, qui s’ouvre au chapitre 20 et remonte le temps jusqu’au premier chapitre, trente-sept ans plus tôt. Les deux premières images et les deux dernières se répondent, identiques, seul l’âge a changé les visages.

Ana a la soixantaine, et achève son dernier mandat de maire d’une ville où elle a failli détruire la librairie de Zeno, héritée de son père. Ils se sont aimés le temps d’une soirée jadis, il a tout quitté pour prendre la mer, et mis quarante ans à finir sa thèse. Ils se sont échangé quelques messages, mais leur amour est resté platonique tout ce temps. Elle est mariée et mère de famille, il a multiplié les aventures. Et si tout changeait enfin ?

Vendue comme la BD feel good de l’année, survendue peut-être, c’est une belle histoire, certes, mais que j’ai trouvée somme toute très banale. L’originalité du temps remonté et du chapitrage inversé étant largement éventés dans les critiques, il n’y eut pas vraiment de surprise. C’est un conte de Noël ou du temps qui passe la retraite une fois posée, tolérante sur le polyamour en sauvant la morale, personne ne trompant personne. Intimiste et sympathique. A vous de voir.

 

Dargaud, septembre 2020, 150 pages, prix : 22,50 €, ISBN : 978-2-5050-8150-0

 

Crédit photo couverture : © Jordi Lafebre et éd. Dargaud

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Dans mon village, on mangeait des chats - Pelaez / Porcel

22 Novembre 2020, 15:13pm

Publié par Laure

Au fin fond du Tarn, dans les années 1970, un jeune ado et sa petite sœur percent le secret du boucher et maire du village : il capture et tue les chats pour en faire du pâté, pâté vendu à prix d'or qui attire les foules. Comprenant que son secret risque d'être éventé, le boucher monte un guet-apens pour se débarrasser du garçon, mais c'est l'inverse qui se produira. De retour chez lui, Jacques Pujol, notre ado, tuera également son père qui violentait régulièrement sa sœur et sa mère.

Et c'est un album totalement immoral mais bien scénarisé, aux illustrations sombres mais adéquates, quasi cinématographiques, qui entraine son lecteur dans une aventure qui mène de l'enfance malmenée au crime organisé et triomphant, avec le courage d'une fin sombre. Et c'est excellent.

 

 

 

Bamboo éd., collection Grand Angle, 56 pages, prix : 15,90 €, ISBN : 978-2-8189-7563-3

 

 

Crédit photo couverture © Francis Porcel et éd. Bamboo/Grand Angle

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Vent mauvais – Cati Baur

3 Novembre 2020, 16:04pm

Publié par Laure

Dans cet album Cati Baur est à la fois au scénario, au dessin et à la couleur.

Béranger est un quadra parisien désabusé et lassé par la vie – son job est en stand-by depuis une quinzaine d’années, l’âge d’or du succès au scénario d’un film populaire est bien derrière lui, et sa femme l’a quitté, lui laissant juste le droit de visite de leurs deux filles, Lison et Violette.

Il rachète alors à bas prix une maison à rénover à la campagne, à une heure trente de Paris, mais située à quelques centaines de mètres à peine d’éoliennes, qui gâchent le paysage et engendrent toutes sortes de troubles auprès des habitants. Mais Béranger ne l’entend pas ainsi, pour lui, cette vue et ce ronronnement incessant sont apaisants. Il se remet au travail et retrouve l’inspiration perdue depuis longtemps.

Autour de lui gravitent les villageois et tout particulièrement Marjolaine, une nana pas comme les autres qui conduit son bibliobus et s’occupe tant bien que mal de ses vieux parents qui ont préféré vendre leurs terres à la compagnie d’électricité qui y a implanté les éoliennes plutôt qu’à un agriculteur du coin.  D’où le ressentiment local. Une nana pas comme les autres parce qu’elle se fiche pas mal de son image, de ses fringues, elle a un vrai contact et une vraie écoute avec les gens qu’elle rencontre.

Marjo et Béranger vont s’apprivoiser, par le biais de parties de Scrabble dont Marjo raffole, entre autres, mais qui vont virer à l’obsession pour le scénariste.

Est-ce que vraiment les éoliennes rendent fou comme tout le monde au village se plait à le dire ? Est-ce que ce n’est pas juste une dépression de milieu de vie qui touche Béranger ?  à moins que ce ne soit les deux ?

J’ai aimé les personnages féminins de cette BD, leur engagement pour une féminité libre (oui on a le droit d’être ronde, de s’habiller « confort » avant tout, de ne pas s’épiler les aisselles et alors ?), la relation entre Marjolaine qui ne veut pas d’enfants mais qui sait bien s’occuper de ceux des autres. Le personnage de Béranger m’a laissée plus indifférente, il est moins « aimable ».

La découpe des cases est classique, avec des doubles pages qui rythment l’avancée des mois et des chapitres, avec toujours un oiseau pleine page, mort, qui scande l’album et ce vent mauvais.

 

L’album est dédié à « toutes les filles un peu bizarres, les pas aimables, les moches, les timides, les fatiguées, les grosses, les cageots, les gentilles, les entêtées, les intellectuelles, les décoiffées, les énervées, les gonflées, les bouffies, les mal fagotées, les résignées, les trop ou les pas assez, les vieilles filles, les petites connes, celles qui ne se sentent jamais à leur place nulle part et celles qui ne veulent pas y rester, à leur place. » Et pour cela, c’est un big up à Cati Baur.

 

 

Rue de Sèvres, juin 2020, 191 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-36981-103-9

 

 

Crédit photo couverture : © Cati Baur et éd. Rue de Sèvres

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