Les jardins d'Hélène

Les chiens - Allan Stratton

16 Septembre 2016, 08:36am

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Jacqueline Odin

 

Les chiens - Allan StrattonPour la énième fois, Cameron est obligé de fuir avec sa mère, car cette dernière est persuadée que son mari, violent, est à leur poursuite. Cette fois, ils s’installent dans une ferme au fin fond d’une campagne perdue, et Cameron connaît les règles de prudence : ne pas laisser de traces sur Internet, garder secret son numéro de téléphone, etc.

 

Mais la maison dans laquelle ils emménagent est mystérieuse : certains la disent hantée, et un drame s’y serait produit, le propriétaire aurait été dévoré par des chiens.

 

Très vite, Cameron entend la voix d’un jeune garçon, Jacky, lui parler et le guider, comme s’il voulait l’aider à percer le secret de la maison. Où est la réalité, où est la folie ? Cameron est-il en proie à des hallucinations et voit-il des fantômes ?

L’histoire de cette maison, sur laquelle il enquête, non sans difficultés auprès de son entourage et avec sa mère, a une curieuse résonance avec son histoire personnelle.

 

Entre réalisme et fantastique léger, ce roman aborde de manière très habile la construction de soi dans l’absence du père, les violences conjugales et les drames familiaux, la manipulation psychologique, la place d’un enfant quand la famille se disloque et tente de se recomposer, l’invention d’un ami imaginaire, à moins que ce ne soit un sixième sens …

 

Un mystère qui tient en haleine jusqu’au bout, intrigué que l’on est par l’aspect surnaturel de l’histoire, et la volonté de connaitre le dénouement. Vraiment prenant.

 

 

Sélectionné pour le Prix des lecteurs (13-16 ans) du Mans et de la Sarthe 2017

 

 

Ed. Milan, octobre 2015, 316 pages, prix : 14,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © James Fraser et éd. Milan

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Celui-là est mon frère – Marie Barthelet

9 Septembre 2016, 08:23am

Publié par Laure

Celui-là est mon frère – Marie BartheletEn fois n’est pas coutume, je garde une partie de la présentation éditeur, car elle résume bien clairement le roman :

 

« Un jeune chef d’état reçoit la visite de son frère tant aimé, disparu dix ans plus tôt. La brève joie des retrouvailles cède très vite la place à l’amertume et à l’indignation : celui qui est revenu a changé. Il est désormais l’Ennemi. À cause de lui, le pays va s’embourber dans une crise sans précédent. »

 

Cette histoire se révèle progressivement, par une narration à la première personne :

 

« En te voyant, j’ai pensé que tu étais revenu pour moi, puis que tu avais vieilli. Je me trompais. Déjà tu souhaitais repartir. Et ce n’était pas tant que tu avais vieilli, tu étais transformé - défiguré, allais-je dire, par la brûlure d’une foi neuve. »

 

La rencontre n’a pas eu lieu entre ce roman et moi ; ou alors il nécessiterait une relecture, pour mieux l’apprécier après l’avoir appréhendé de manière chaotique.

Si le drame d’une relation fraternelle et de la politique d’un pays tout entier se dévoile, le chemin m’a semblé tortueux, presque prétentieux dans l’écriture, j’ai fait de nombreux retours en arrière pour comprendre, le style choisi m’a vraiment dérangée.

 

Il faut peut-être le laisser reposer, et le reprendre, car tous les éléments sont présents, indices d’un soulèvement politique dans un pays indéterminé à une époque indéterminé, la violence de la rébellion fait des victimes, il y a des éléments très forts, mais une fois encore, c’est la façon dont l’histoire est racontée qui m’a déplu et agacée, trop artistiquement travaillée peut-être. Et de fait, à la relecture, du moins des quelques pages que j’ai regrapillées de-ci-delà, tout est limpide, et plus esthétique. Mais je me refuse à lire un livre deux fois pour l’apprécier.

 

Toutefois ce roman est pour le moment fort apprécié des autres participants aux 68 premières fois, alors n’hésitez pas à vous faire votre propre avis !

 

 

68 premières fois - edition 2016

 

 

Buchet-Chastel, août 2016, 166 pages, prix : 14 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Libella, Anne Defreville

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Fils du feu - Guy Boley

7 Septembre 2016, 08:40am

Publié par Laure

Fils du feu - Guy BoleyUn homme revient sur ses souvenirs d’enfance, dans la France des années 50 ou 60, où son père était forgeron et travaillait le fer sous le feu, où sa mère battait le linge à la main et décapitait les grenouilles au couperet et les dépeçait pour en cuisiner les cuisses.

 

Un parcours de lecture qui a bien failli s’arrêter assez vite pour ma part, je n’arrivais pas à m’intéresser à l’histoire, même si j’en reconnaissais la beauté de la langue, travaillée, élégante. Et puis survient le décès du petit frère, qui reste nimbé de mystère, et qui révèle un peu plus le côté taiseux des personnages. L’histoire devient singulière, et tout interpelle alors : la mère qui bascule dans la folie et fait comme si l’enfant était encore vivant, la sœur qui s’en va après un geste violent du père envers la mère et le narrateur, qui souffre en silence d’observer, de ne pas dire, et se réfugie dans la peinture… Ce n’est qu’adulte et au fil du récit qu’il reconstituera l’ensemble de l’histoire familiale, avec ses blancs, et ses apaisements.

 

Un roman court qui aborde la perte d’un enfant, événement qui n’est jamais dans le cours des choses, et son retentissement sur la famille, qui se place du point de vue du grand frère, qui grandit ainsi dans une solitude exacerbée.

La beauté de la langue en fait le sel, pour un premier roman, c’en est admirable de maîtrise.

 

 

Badge Lecteur professionnel       68 premières fois - édition 2016

 

Grasset, août 2016, 160 pages, prix : 16,50 € (11,99 € en numérique)

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Guillem Costas / Gettyimages / et éd. Grasset & Fasquelle

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(Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire – Stéphanie Pélerin

5 Septembre 2016, 18:02pm

Publié par Laure

(Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire – Stéphanie PélerinIvana a la trentaine, et huit ans de vie commune avec Baptiste quand celui-ci décide un beau matin de faire ses valises et de la planter là. Comment garder le moral et l’œil vif pour tenter de refaire sa vie, ou du moins, commencer par du bon temps ?

 

J'ai été agréablement surprise par ce roman (de chick-litt?) que j'ai trouvé dynamique et drôle, je me suis surprise à éclater de rire à plusieurs reprises dès les premières pages, Stéphanie Pélerin a le sens de la formule et le bon mot qui fait mouche. Elle aborde de manière légère la rupture sentimentale, la drague sur internet, les rencontres via ce media, mais le fond est plus profond qu'il n'y paraît, sur le diktat que nous impose la société, ou que l'on s'impose trop souvent soi-même, à savoir être en couple et heureuse, filiforme, sportive, hyperactive tant dans son travail que dans ses loisirs, avoir toujours la pêche avec ses copines, etc.

 

J'ai aimé également le regard réaliste que porte l'auteur sur les élèves et le métier de prof aujourd'hui, enfin une image tout ce qu'il y a de plus vrai !

 

J'ai trouvé la fin peut-être un peu rapide (l'épilogue avance un peu vite en besogne), peut-être parce que je me sentais bien avec ces personnages et que j'aurais bien passé un peu plus de temps avec eux !

 

Un roman enjoué, lucide et très actuel.

 

 

Badge Lecteur professionnel

 

éd. Mazarine, juin 2016, 208 pages, prix : 15 € (10,99 € en numérique)

Étoiles :

Crédit photo couverture : éd. Fayard / Mazarine

 

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Sortie de classes - Laurent Torrès

2 Septembre 2016, 16:21pm

Publié par Laure

Sortie de classes - Laurent TorrèsJulien est enseignant dans un collège de banlieue parisienne. Il raconte le quotidien avec les élèves, la difficulté des enseignants à les motiver, leur attention néanmoins envers chacun, et la volonté d'essayer de les aider, même si la communication avec les familles est souvent vaine.

 

En parallèle, Julien se souvient de sa propre scolarité, de son camarade Louis, brillant élève par là-même décalé, à qui il s'était attaché. Dans sa propre classe aujourd'hui en tant qu'enseignant, il y a Sofiane, cet élève qu'il aimerait aider sans y parvenir. Sofiane et Louis, deux élèves que la différence écarte et rassemble à travers les années.

 

Un roman désabusé qui dit bien toute la difficulté de l'école et de sa maison-mère, l’Éducation Nationale, aujourd'hui.

 

Ce premier roman souffre des poncifs habituels de l'exercice : un récit plus ou moins autobiographique, qui peine à basculer dans la fiction réellement, mais qui s'inscrit bien en tant que roman. Un héros solitaire, dépassé, tant par son métier que par sa vie sentimentale, ou plus exactement son absence.

 

S'il pose un constat assez déprimant sur le collège aujourd'hui, il ne donne pas de clés, il s'attache plutôt à en faire un récit très personnel, avec une large part consacrée au passé, et au déterminisme social qui lui ne s'estompe pas. Déculturation, inadaptation de l'école, errance sentimentale, c'est un portrait très désenchanté que dresse l'auteur.

 

Il n'a pas manqué de me faire bondir quand il se plaint des heures tardives des rencontres avec les parents d'élèves, placées à 17h et 18h. Mais bien sûr, tous les salariés quittent leur job à 16h pour être au collège à 17h, c'est bien connu. Et dans l'établissement de ma fille, on met au centre du discours le dialogue avec les parents, avec des rencontres à 17h, quand en zone rurale, 97% des élèves prennent le car scolaire faute de parents disponibles à la sortie à cette heure-là. Hum.

 

Heureusement qu'il reste toujours des enseignants qui ont la pêche, et bien du courage de garder intacte leur motivation.

 

« Sortie de classes » est à lire davantage comme un roman sur les liens passés d'une amitié scolaire que comme un roman sur l'école, où d'autres témoignages ou essais plus pertinents ne manquent pas.

 

(Lu en juillet 2016)

 

Albin Michel, août 2016, 268 pages, prix : 18 €

Étoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Albin Michel

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Août 2016 en couvertures ...

1 Septembre 2016, 08:56am

Publié par Laure

En août, j'ai lu :

 

 Puissions-nous être pardonnés -A.M. HomesDe nos frères blessés - Joseph AndrasJe suis de celles qui restent - Bernadette Pécassou

 

Albert sur la banquette arrière – Homer HickamGiboulées de soleil – Lenka Hornakova-CivadeLes beaux étés tome 2 - Zidrou Lafebre 

 

De ce pas - Caroline Broué

 

 

 

 

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Petit Dino veut tout faire tout seul - Liz Climo

24 Août 2016, 09:02am

Publié par Laure

Petit Dino veut tout faire tout seul - Liz ClimoUn très bel album grand format aux pages épaisses pour dire la complicité d'un papa envers son petit garçon (c'est une famille dino mais l'identification marche quand même).

Petit Dino part seul à l'aventure, mais a oublié tout ce que son papa prévoit d'habitude : à boire, de quoi se protéger de la pluie, il doit aussi surmonter ses peurs et quelques difficultés (traverser la rivière, affronter un cochon sauvage), pourtant tout se déroule à merveille, car le lecteur le voit bien dans l'illustration, Papa Dino le suit discrètement et veille au grain.

Une tendre complicité père-fils, qui conduit vers l'autonomie, l'apprentissage en sécurité, et qui dit l'amour tout simplement qui existe fort entre ces deux-là. Épuré dans le dessin, mais très chouette.

 

(Et papa Dino ne se fâche pas quand Petit Dino dessine dans ses livres sans images !)

 

(Idéal pour les 3-5 ans)

 

Milan, septembre 2015, 32 pages, prix : 11,90 €

Etoiles : 

Crédit photo couverture : Liz Climo et éd. Milan

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De ce pas - Caroline Broué

23 Août 2016, 13:48pm

Publié par Laure

De ce pas - Caroline BrouéMarjorie a passé les cinq premières années de sa vie au Cambodge, d’ailleurs son vrai prénom c’est Tin. Mais sous le joug des Khmers Rouges, son père est laissé pour mort et sa mère décide de l’emmener en France. Adulte, elle rencontre Paul, avec qui elle aura une petite fille. Danseuse à l’opéra de Paris, des problèmes de santé l’obligent à arrêter sa carrière plus tôt que prévu.

Tous deux en proie à des souvenirs d’enfance et à passé douloureux non apaisé, à quarante ans, ils se cherchent toujours, et leur couple est au bord de l’implosion.

 

Jolie réflexion sur ce que l’on fait de sa vie, et combien les relations familiales dans l’enfance sont cruciales pour son devenir d’adulte. L’écriture est délicate, sensible, même si j’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman au départ, trouvant qu’il partait un peu dans tous les sens.

Je n’ai pas regretté d’avoir persévéré, les personnages secondaires, Jérôme et tout particulièrement Justine, sont intéressants dans ce qu’ils apportent à la construction de Marjorie, même si quelques digressions rendent la construction un peu trop éparse.

 

De même les nombreuses références culturelles à la danse, à la photographie, à la peinture, sont un peu trop présentes, faisant courir le risque d’égarer le lecteur, tenté de penser assez vite « ce n’est pas pour moi, je ne connais pas tous ces noms »

 

Toutefois, le roman dans son ensemble parcourt avec finesse et élégance le chemin de l’intime, méritant qu’on s’y arrête.

 

 

Lu dans le cadre du Projet 68 premières fois initié par l’Insatiable Charlotte

 

68 premières fois édition 2016

 

 

Éd. Sabine Wespieser, janvier 2016, 169 pages, prix : 17 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Sabine Wespieser

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Giboulées de soleil – Lenka Hornakova-Civade

22 Août 2016, 14:56pm

Publié par Laure

Giboulées de soleil - Lenka Hornakova-CivadeElles sont trois narratrices, mais à vrai dire 4 femmes d'une même lignée, de mère en fille, à dévoiler leur combat de femmes et à défendre leur particularité : être des filles-mères, ayant engendré des « bâtardes ». Elles sont fières de transmettre leur seul nom, et ce don qu'elles ont puor la broderie traditionnelle qui se veut aussi le fil rouge du roman.

 

Chaque histoire, singulière, est touchante, attachante, et montre la force et le courage d'une femme au sein d'une famille ou d'un environnement qui tendait plutôt à la réduire à moins que rien.

Ces histoires d'amour et de vie sont aussi intimement liées à l'histoire de leur pays, l'ancienne Tchécoslovaquie devenue République tchèque, notamment sous le joug du communisme.

 

Giboulées de soleil est un roman qui vous enveloppe (on a envie de prendre l'auteur dans ses bras et de faire partie de la famille!), et qui mêle habilement petite et grande Histoire. L'auteur est originaire de Moravie et écrit directement en français (elle vit actuellement en France), chapeau bas !

 

Une très belle découverte faite grâce aux 68 premières fois initiées par Charlotte l'insatiable.

 

 

68 premières fois édition 2016

 

 

Alma éd., avril 2016, 292 pages, prix : 18 €

Étoiles :

Crédit photo couverture : © éditions Alma

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Je suis la méduse – Béatrice Fontanel et Alexandra Huard (ill.)

19 Août 2016, 13:44pm

Publié par Laure

Je suis la méduse – Béatrice Fontanel et Alexandra Huard (ill.)Au bord de la mer en été, une petite fille est piquée par une méduse. Les parents consolent l’enfant, puis le père capture la méduse dans un filet et la rejette sur la plage. Sans eau, elle se meurt. Mais la petite fille blessée va la remettre à l’eau. Quelques années plus tard, elles se retrouveront…

 

Ce qui m’a attirée d’emblée dans cet album, ce sont les illustrations. Colorées, riches de détails d’une grande finesse, magnifiques sur les doubles pleines pages d’un grand format, 34 cm sur 48 quand le livre est ouvert. Le « cœur » de la méduse et le maillot de bain de la petite fille, de couleur orange fluo, se répondent et attirent l’œil. Superbe !

 

Album au texte poétique, qui joue avec les sons :

 

« Je vogue, je flotte, m’évase et dérive, évitant de m’envaser.

Je ricoche et j’effiloche mes froufrous au fil des flots.

Je trousse mes jupons transparents, pas trop tout de même !

Il ne faut pas montrer mes jolis dessous, juste le frisottis de mon tutu ».

 

l’histoire est racontée par la méduse, personnage peu attirant s’il en est, et pourtant, le récit de fiction apporte de nombreuses informations documentaires. Un message écologique sur la pollution des fonds marins est aussi présent, tant dans le texte que dans l’image, mais il ne juge pas, il informe sobrement.

 

 

Et ces couleurs ! Je ne me lasse pas des illustrations d’Alexandra Huart, et l’album, dans sa fabrication, qualité du papier et épaisseur de la couverture cartonnée, qualité de la reproduction des dessins, est aussi un superbe objet.

 

Encore un très bel ouvrage des Fourmis rouges !

 

 

Je suis la méduse from Alexandra Huard on Vimeo.

 

Éditions Les Fourmis rouges, juin 2016, 36 pages, prix : 17.90 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Alexandra Huard et éd. Les Fourmis rouges

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