Les jardins d'Hélène

polars - thrillers

La vérité sur Frankie - Tina Uebel

7 Mai 2013, 14:54pm

Publié par Laure

Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux

 

verite-sur-frankie.jpgTrois étudiants, Christoph, Judith et Emma profitent de leur jeunesse insouciante, jusqu’à ce qu’ils rencontrent Frankie, de dix ans leur aîné, qui va les entrainer dans une aventure sordide. Frankie se déclare des services anti-terroristes, et confie quelques missions top secrètes à Christoph. Missions qui impliquent une grande discrétion, et peu à peu un repli et un enfermement total. Christoph y mêle très vite sa petite amie Judith et sa copine Emma.

Le roman se compose d’un modèle narratif unique : la succession de retranscriptions d’interviews des trois malheureux protagonistes juste avant le procès de Frankie.

Le lecteur sait donc d’emblée que Frankie a été arrêté, et comprend peu à peu que tout n’était qu’une vaste manipulation, mais la tension va croissante dans les récits des trois jeunes aux journalistes : que s’est-il passé réellement, comment ont-ils pu adhérer à de tels faits (d’autant que les missions restent simples, rares et un peu floues, comme déposer des enveloppes à un endroit précis), comment ont-ils pu accepter et endurer de telles maltraitances ?

Si sur la longueur le procédé narratif peut sembler un peu monotone (on aimerait avoir la version de Frankie ou un narrateur extérieur a posteriori), le récit fonctionne pour capter le lecteur et le maintenir en haleine jusqu’au bout. Les personnalités transparaissent dans leur complexité, en particulier celle d’Emma, riche et intéressante pour le lecteur. Leur mésaventure aura duré dix ans… qu’on ne sent absolument pas passer à la lecture !

Un suspens psychologique fort et bien mené…

 

Cette histoire est inspirée d’une histoire vraie, celle de Robert Freegard, barman britannique, qui se faisait passer pour un espion pour extorquer ses victimes.

 

 

(Cadeau annuel de l’association 813, les amis de la littérature policière à ses adhérents)

 

Ombres noires, janvier 2013, 376 pages, prix : 19 €

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Crédit photo couverture : © Lauriane Tiberghien et éd. Ombres noires.

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Le couvent des ombres - Lisa Jackson

21 Juillet 2012, 17:51pm

Publié par Laure

 

traduit de l'américain par Barbara Versini.

 

couvent-des-ombres.jpgUne jeune religieuse est assassinée dans un couvent, elle portait une robe de mariée, comme si elle s'apprêtait à prononcer ses vœux. On découvre qu'elle était enceinte. Sa sœur, ancienne flic reconvertie dans la gestion de chambres d'hôtes, s'immisce dans l'enquête pour dénouer le triste parcours de Camille, qui lui avait confié son secret et l'envie de partir, mais elle n'en aura pas eu le temps. D'autres meurtres auront lieu...

ça commence comme un bon roman policier, intrigant, où tous les personnages auraient une bonne raison d'être coupables, ou au moins soupçonnés. L'intrigue avance, entre enquête officielle et enquête menée par Valerie, la sœur de la première victime. C'est juste beaucoup trop long, un peu trop répétitif et dilué, deux cents pages de moins auraient paradoxalement donné plus de poids à l'ensemble, d'autant que la fin, certes inattendue, tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, sortant de nulle part, décevant un peu le lecteur qui conclut à «oui, bon, tout cela pour ça... »

 

Mosaïc est une nouvelle collection des éditions Harlequin, qui ouvre une nouvelle vague de romans grand format, différents, plutôt orientés vers le polar (mais pas seulement), rien à voir avec les petits poches sentimentaux bien connus. Néanmoins je peine à comprendre leur ligne éditoriale qui se définit ainsi : « un programme d'auteurs anglo-saxons régulièrement classés dans les listes des meilleures ventes du New York Times » et qui comprend aussi bien du thriller que du « roman féminin ». La notoriété d'un auteur, en terme de ventes, qu'il soit anglo-saxon ou pas, est un critère de choix et de curiosité que je ne partage pas. Un peu comme si l'on vous disait : c'est forcément bon, puisqu'il vend beaucoup, et on vous fourgue un peu tous les genres dedans. On pourra me rétorquer que je ne comprends rien au monde de l'édition, ce qui est certainement vrai. Si je comprends bien, Harlequin ne gère que l'édition en langue française de ces titres, et reprendre des best-sellers, au final ça ne devrait pas être un risque énorme ?


J'ai « testé » (ma curiosité pour une nouvelle collection) avec ce titre qui n'est d'ailleurs pas mauvais, ni pire ni meilleur que ce que l'on peut trouver ailleurs, c'est donc plus l'argumentaire de vente qui me laisse de marbre. (Quitte à vouloir ajouter une nouvelle flèche à son arc, pourquoi pas plutôt une collection « grands polars » et au lecteur de se faire son idée ensuite?)

 

Ed. Harlequin, coll. Mosaïc, juin 2012, 521 pages, prix : 19,90 €

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Crédit photo couverture : éd. Harlequin et Dpcom.fr

 


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Mais c'est à toi que je pense - Gary A. Braunbeck

29 Avril 2012, 17:33pm

Publié par Laure

 

traduit de l'américain par Benoît Domis

 

mais-c-est-a-toi-que-je-pense.jpgMark, agent d'entretien sur un campus, passe devant le juge pour avoir frappé un étudiant dans un bar, suite à une mauvaise blague qu'il n'a pas appréciée. Comment en est-il arrivé là ? C'est le long récit qu'il fait à son épouse, récit de quelques jours atroces passés sur la route, où il a rencontré des enfants hors du commun, c'est le moins qu'on puisse dire.

Voici la présentation de l'éditeur :

« Pour Thomas, Arnold, Rebecca et Christopher, c'est la fin du supplice. Ils viennent d'échapper à leur tortionnaire, un tueur en série pédophile qui les séquestrait depuis des années. Mais une nouvelle épreuve les attend: et si on les avait oubliés? et si on ne les aimait plus? Horriblement défigurés et mutilés, ils ont besoin d'un adulte pour les ramener à leurs parents, que certains n'ont pas vus depuis dix ans... et ils ont choisi Mark. »

Un contrat à signer, un vieux véhicule trafiqué, une panne, et c'est ainsi que les enfants repèrent Mark et le choisissent. Le lecteur bascule alors dans le récit d'horreur routier, l'auteur ne se cache pas de l'hommage qu'il rend par ce biais à Stephen King.

Si l'on comprend assez vite que ces enfants sont victimes du pire des pédophiles, j'avoue que les descriptions nombreuses des violences sexuelles et autres pratiques insoutenables (découpages, horreurs en tout genre) m'ont laissée plus que dubitative et ont failli me faire abandonner la lecture, pour la simple raison qu'elles me semblent purement gratuites. Elles semblent même être là pour satisfaire les pulsions fantasmatiques d'un lecteur dérangé. C'est malsain.

Souhaitant quand même savoir si tout cela avait un but et lequel, je suis allée au bout du roman. Pour réaliser qu'il est de plus en plus surréaliste et rocambolesque, beaucoup de surenchère. N'importe quel quidam serait mort vingt fois mais là tout le monde résiste et a encore la force inouïe de se battre avec l'énergie du Diable. Suis-je bête. C'est un récit de genre. Bien sûr qu'on ne lui demande pas d'être crédible, juste d'en faire toujours plus dans le sensationnel surréaliste. En ce sens c'est réussi. « Thriller » (indiqué sur la couverture) ne me semble pas le terme approprié à ce genre lu ici et que je goûte peu.

L'ensemble se tient mais tient bien du film d'horreur dont on finit par rire tellement il est grotesque.



Bragelonne, avril 2010, 358 pages, prix : 20,30 €

Acheté en numérique lors d'une offre promotionnelle à 0,99 €. Prix habituel en ebook : 9,99 €

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Crédit photo couverture : © Fabrice Borio


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Glacé - Bernard Minier

12 Novembre 2011, 11:17am

Publié par Laure

glace.jpgGlacé est un premier roman, thriller efficace qui tient ses promesses mais qui me chiffonne sur certains points…

Pour le résumé, la (début de la) quatrième de couverture fait parfaitement l’affaire : « Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées. Au petit matin, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d'un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée. Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. »

 

Thriller efficace car les codes du genre sont maîtrisés, et même si l’on perçoit l’influence évidente des maîtres (Grangé pour les rivières pourpres, Thomas Harris pour le silence des agneaux, notamment) et même si la toile du canevas est bien visible (l’arrivée d’une psy avec qui on comprend très vite que les chemins vont s’entrecroiser), alternance des personnages aux moments cruciaux, l’intrigue est suffisamment riche et les personnages intéressants pour que le roman ne soit pas une pâle copie.

Là où je serai plus réservée, c’est sur le besoin de surenchère permanente que semblent avoir les auteurs de thriller : faire toujours plus horrible et plus atroce pour se démarquer des autres ? Leur imagination est sans limite. De même l’intrigue devient toujours plus retorse et complexe sur les dernières pages (bon ici, sur une bonne centaine de pages quand même), jouant avec les nerfs du lecteur mais niant au passage toute crédibilité : bien sûr le héros est physiquement victime de diverses malveillances pour lesquelles n’importe qui serait mort ou en piteux état à l’hôpital, mais lui, il se démène, un coup d’eau sur le visage, et hop voilà le surhomme au travail. C’en est grotesque et risible, mais cela semble devenu aussi un code du genre.

Un regret aussi sur le personnage de la psy, qui n’est pas exploité à la hauteur de ses possibilités : pour le rôle qu’elle joue dans l’histoire, elle pourrait tout aussi bien être femme de ménage ou secrétaire, et c’est dommage, car qui mieux qu’une psy pour tenter de comprendre les dangereux criminels du roman ? J’attendais bien plus de ce personnage relégué au second plan.

On espère maintenant de l’auteur une nouvelle intrigue totalement novatrice (il connaît ses classiques, il peut désormais s’en démarquer), et il passera alors du côté des (très) grands. 

 

XO éditions, février 2011, 557 pages, prix : 20,90 €

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Crédit photo couverture : © Dominique Ventura et éd. XO

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Derniers adieux - Lisa Gardner

29 Septembre 2011, 19:36pm

Publié par Laure

 

Traduit de l'américain par Cécile Deniard

 

derniers-adieux.jpgC'est moi ou la pédophilie et la pornographie mettant en scène des enfants est vraiment à la mode en ce moment dans les polars ? Du coup ce thriller se veut assez convenu, sans grande originalité (sa seule part originale a trait à l'élevage des nombreuses araignées évoquées), et ne gagne son rythme haletant que sur les cinquante dernières pages.

Certes la construction est habile, les passages en italique traduisant le point de vue des enfants victimes induisent des narrateurs différents dont on n'a pas toujours conscience sur le moment, mais ce procédé use aussi du filon « la victime reproduit ce qu'elle a vécu enfant », oscillant entre reconduction du mal ou reconstruction positive façon happy end, ce qui n'a rien de bien nouveau.

L'enquêtrice enceinte et confrontée à un choix dans sa vie de couple apporte une touche féminine à l'ensemble, mais la psychologie des personnages reste là encore convenue et souvent déjà vue.

Nul doute que depuis le Grand Prix des Lectrices de Elle 2011 dans la catégorie policiers pour son précédent titre (La maison d'à côté) on nous abreuve de traductions de ses nouveaux romans, voire d'anciens (à noter que celui-ci date de 2008 en VO). Attention à ne pas en faire un produit purement commercial.

 

Lu dans le cadre du club testeurs d'Amazon, début août 2011

 

Albin Michel, coll. Special Suspense, 1er septembre 2011, 422 pages, prix :21,50 €

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Crédit photo couverture : © éd. Albin Michel.


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Rupture - Simon Lelic

6 Janvier 2011, 15:15pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Christophe Mercier

 

rupture.jpgÇa commence comme un sombre fait divers : un jeune enseignant ouvre le feu en pleine réunion, tue trois élèves et un enseignant, avant de retourner l’arme contre lui. Drame de la vie moderne comme on semble en voir de plus en plus aux infos, diront certains. L’affaire est claire : le meurtrier est identifié, et il s’est donné la mort. Ce n’est pas l’avis de Lucia May, enquêtrice qui essaie de comprendre pourquoi Samuel Sjajkowski, ce jeune prof d’histoire, en est arrivé là. Et ce qu’elle va entendre (le roman est pour beaucoup constitué de transcriptions d’auditions de témoins, livrées telles quelles, dans leur expression naturelle proche de l’oralité et propre à chaque personne interrogée), ce qu’elle va entendre donc, fait froid dans le dos. Harcèlement, acharnement, persécution, on ne peut qu’avoir envie de se révolter pour faire entendre la vérité. Mais que faire quand un chef d’établissement étouffe et couvre les faits pour ne pas faire de vagues, histoire de ne pas manquer de subventions ?

Parallèlement à l’enquête que ses supérieurs tentent tout autant d’étouffer au plus vite, c’est la situation de Lucia qui est mise à jour, entourée dans son quotidien professionnel de collègues et d’un supérieur tous misogynes, qui n’hésitent pas à user d’intimidation et d’atteintes sur sa personne.

Des faits « divers » proprement abominables qui dénoncent à quel point également notre société va mal, à travers la violence scolaire et des subversions intolérables. Pour son premier roman, Simon Lelic a frappé très fort !

 

Ils l’ont aimé aussi :  Hannibal le lecteur, Ankya, Yv, mlle curieuse, …

 

Ed. du Masque, avril 2010, 304 pages, prix : 19 €

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Crédit photo couverture : © WE-WE et éd. du Masque

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Trahie - Karin Alvtegen

17 Novembre 2010, 08:07am

Publié par Laure

 

Traduit du suédois par Maurice Etienne

 

trahie.jpgEva sent bien que son couple commence à battre de l'aile, alors quand elle interroge son mari sur leur avenir, celui-ci ne trouve pas d'autre réponse que « je ne sais pas ». Très vite, elle s'aperçoit qu'il entretient une liaison, et quand elle découvre avec qui, trahie, humiliée, elle imagine la pire vengeance...

Parallèlement, en chapitres alternés, le lecteur suit Jonas, qui se rend chaque jour au chevet d'Anna, son amoureuse, hospitalisée dans un état de coma avancé.

 

Au cours des premiers chapitres, j'ai eu le sentiment d'être dans un roman sentimental, à me demander si je ne m'étais pas trompée d'auteur... Et puis l'on se doute bien que les deux intrigues sans lien apparent vont se rejoindre (l'exercice est rôdé), et dès lors, la tension monte de façon perceptible. On est bien dans un page-turner machiavélique, sans meurtre apparent et sans bain de sang, mais au déroulement et à l'analyse psychologique très efficace. La fin est terrible, emprisonnant le lecteur dans un aboutissement logique mais insupportable. On referme le livre avec le besoin de prendre l'air, et de passer à autre chose, vite, tout en étant forcé de reconnaître que sur ce dénouement, l'auteur est sacrément douée.

 

D'autres romans de l'auteur :

- Honteuse

- Recherchée 

 

Plon, octobre 2005, 258 pages, prix : 18 €

Existe en poche, Points Policiers, 2007, 309 pages, prix : 7 €

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Crédit photo couverture : éd. Points / Seuil.

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Mortelles voyelles - Gilles Schlesser

18 Août 2010, 18:27pm

Publié par Laure

 

« Un Français qui a fait une petite merveille, intelligent et brillant » sont les mots de Gérard Collard, libraire à la Griffe Noire, qui m'a fait découvrir ce polar (par émission de télé podcastée interposée) : je ne serai pas aussi enthousiaste que lui, je ne crie pas au chef d'oeuvre, mais intelligent et brillant, assurément. Un polar littéraire, érudit mais pas ennuyeux, bourré de références, et qui sort des page-turner habituels, c'est vrai que ça ne court pas les rues.

mortelles-voyelles.jpgQuid de l'intrigue ? Oxymor Baulay (beau/laid, c'est un oxymore, vous savez « cette obscure clarté qui tombe des étoiles », etc.) est journaliste, et prépare un reportage papier sur les SDF. Pour cela, il s'immerge dans leur milieu et sympathise avec Vaïda, « le dernier roi des Gitans », qui en échange d'une cartouche de cigarettes, lui file un vieux manuscrit trouvé dans le fond d'une valise. Quand Oxymor réalise que ce manuscrit est un sacré polar qui raconte des meurtres assez atroces, selon un principe assez étonnant (les voyelles de Rimbaud, le manuscrit s'appelle « A noir », toutes les voyelles y passent, sauf le y qui est étonnamment absent et remplacé par un i, de même le verbe être n'est pas dans le texte), et que ces meutres ont réellement eu lieu trente ans plus tôt par un serial killer jamais arrêté qui se faisait appelé Hamlet, il est plus qu'intrigué. Il confie le manuscrit à un ami éditeur, et en route pour le montage d'un Goncourt ultra médiatisé. Quelques nouveaux meurtres se greffent sur l'affaire, l'enquête prend des détours par une association oulipienne pour analyser la construction du texte pour essayer d'en trouver l'auteur... Intéressant, vraiment !

Je n'ai pas eu le courage de sortir mon dictionnaire à chaque nouvelle figure de rhétorique énoncée (souvent accompagnée d'un exemple), mais ça m'a plutôt amusée comme procédé. Le héros est un peu paumé dans sa vie, entre deux ou trois femmes et sa solitude, il connaît Paris comme sa poche (je ne connaissais pas les éditions Parigramme, voici la politique de leur collection Polar noir 7.5 : « Noir 7.5 est une nouvelle collection de polars marquant les premiers pas de Parigramme dans la fiction. Sans s’éloigner de son territoire de prédilection – on ne se refait pas ! Paris, donc, mais un Paris d’aujourd’hui. Un Paris qu’on reconnaisse et non la toile de fond intemporelle d’un décor qui n’aurait guère changé depuis Nestor Burma. (...) Une exploration tambour battant du Paris actuel, avec ses tensions et ses zones d’ombre, dans tous les genres du roman noir. Une collection dirigée par Olivier Mau. ») Plus d'infos sur cet éditeur : ici

 

Un roman noir vraiment bien fichu, original, innovant, qui fait la part belle imaginaire aux jeux contraints d'écriture des oulipiens, imaginaire seulement car hélas, on n'a jamais d'extraits du manuscrit, et il est vrai qu'alléchés par l'enquête de Baulay, on aimerait réellement s'y plonger. Ne vous y méprenez pas, ce n'est pas non plus un polar purement intello : c'est très facile à lire, gouaille parisienne et ironie critique d'un certain milieu germanopratin, des propos parfois très « oralisés » ou un peu crus, on n'est pas du tout dans le snobisme.

Ah et puis je sais pourquoi ce polar plaît tant à Gérard Collard : il y a un beau passage sur son graaaannd ami Marc Lévy (si vous connaissez un peu Collard, vous savez qu'il ne peut pas faire une émission sans sortir dix méchancetés vérités sur Marc Lévy) :

p. 23 : « Maurice sirote son Banania à même la boîte. Un écrivain, le pépé ? Sans blague. C'est pas tout le monde qui peut être Marc Lévy. Faut savoir écrire. Avoir des idées qu'ont pas été pensées avant. Comment c'était déjà ? Ah oui : « Et si c'était vrai... » Trop beau. S'il était pas un homme, il en aurait pleuré. Non mais ! Qu'est-ce qu'il se croit le vieux ? »

 

Un coup de coeur de Gérard Collard, de la Griffe Noire

 

Parigramme, mai 2010, 264 pages, prix : 14 €

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Crédit photo couverture : © Stéphane Lenglet et éd. Parigramme

 

 

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Sukkwan Island - David Vann

29 Avril 2010, 15:10pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Laura Derakinski

 

sukkwan-island.jpgIl n’est plus guère utile de présenter ce livre tant il a fait parler de lui à sa sortie en janvier 2010, et quand je l’ai abordé, je savais à peu près ce qu’on en disait partout : inoubliable, bouleversant, noir, dérangeant, un renversement de situation vers le milieu du livre, incroyable, le truc qui fait dire que c’est un grand roman. Voilà ce que j’en avais entendu.

 

C’est donc (on va faire bref) l’histoire d’un père (Jim) qui emmène son fils de 13 ans (Roy) sur une petite île au Sud de l’Alaska (Sukkwan Island, donc), pour y faire un break loin de toute agitation, réapprendre à se connaître l’un l’autre (divorcé, Jim ne voit plus guère son fils), et vivre simplement au plus près de la nature. Une fois déposés par un hydravion avec quelques vivres de base, c’est parti pour l’aventure de nos deux Robinson sur leur île.

 

On suit donc leurs péripéties quotidiennes : chasser et pêcher pour se nourrir, construire un fumoir et une réserve pour l’hiver, stocker du bois pour le feu, etc. Dieu que c’est long et barbant. La chasse et la pêche, ça va bien cinq minutes, mais je commençais à m’ennuyer ferme. Je commençais même à me demander si je n’avais pas loupé le renversement extraordinaire tant annoncé, parce que j’avais atteint la moitié du livre et rien vu d’exceptionnel sinon un père paumé, qui n’a pas vraiment préparé son truc, et qui serait plutôt dépressif sévère. J’ai hésité à abandonner mais quand même, il fallait que je le trouve, le point renversant de cette deuxième partie. Effectivement on ne peut pas le louper : soyez prévenus, il se produit page 113, tenez au moins jusque là. A partir de là, oui c’est logique, ça tient la route, une route qui s’assombrit et qui devient parfois pénible à lire (cette fois dans ses descriptions horribles) mais voilà, je ne peux pas crier au chef-d’œuvre parce que ce que j’en retiens surtout, c’est l’ennui préalable, la longueur répétitive de la première partie, et puis finalement, on se doute bien que ça ne peut finir que comme cela, une deuxième partie dans la logique des choses. Est-ce si extraordinaire que cela, si dérangeant que cela?

Les avis sont partagés sur ce roman (entre la grande majorité qui a beaucoup aimé, et ceux qui n'ont pas aimé, soit parce qu'ils l'ont trouvé trop glauque, soit parce qu'ils se sont ennuyés), et je fais de toute évidence partie de ceux qui n’en resteront pas si marqués que cela !

 

Ed. Gallmeister, coll. Nature writing, 191 pages, prix: 21,70 €

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Crédit photo couverture : © Bill Curtsinger / National Geographic / Gettyimages / et éd. Gallmeister

 

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La ligne de sang - DOA

26 Avril 2010, 20:35pm

Publié par Laure

ligne-de-sang.jpgMadeleine Castinel n’en peut plus de son amant, Paul Grieux, trop souvent alcoolisé,  violent et exigeant avec elle, squattant un peu trop son appart’ à son goût. Elle préfère rompre et lui demande de lui rendre ses clés. C’est semble-t-il en sortant de chez elle que Marc Grieux a un accident de moto et sombre dans le coma. Priscille Mer et Marc Launay, du SRPJ de Lyon, vont enquêter sur ce qui n’est en apparence qu’un banal accident de la route, doublé quand même d’une étrange disparition, car Madeleine reste introuvable.

Et puis peu à peu, on bascule dans l’enfer. Un monde sombre de magie noire, d’occultisme, de pédophilie, de violence extrême, un monde dont il est souvent difficile de cerner les limites entre hallucinations ou fantastique. L’intrigue est très prenante, on est complètement happé par le récit (j’ai avalé les 650 pages en moins de 48h), et plus on approche de la fin, plus cela devient carrément flippant. A ne pas lire le soir juste avant de s’endormir !

Mieux vaut prévenir les âmes sensibles, certains passages sont vraiment insoutenables. Pour autant, ils ne sont pas gratuits, ils tiennent totalement aux personnages mais l’horreur à peine dicible découverte par les deux policiers est difficilement supportable.

C’est un roman que j’ai découvert grâce au partenariat Blog-O-Book et Folio policier, et pour ma première participation, c’est une réussite, je suis très tentée d’aller jeter un œil aux autres romans de DOA ! Il faut dire qu’avec un tel pseudonyme (DOA signifie Death on arrival), on pouvait en effet s’attendre à une telle noirceur humaine. Mais quand elle est au service d’une intrigue très maîtrisée (et bien documentée), on en redemanderait presque…

 

Folio policier, mars 2010, nouvelle édition revue par l’auteur, 644 pages, prix : 8,20 €

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Crédit photo couverture : © Zir / Signatures et éd. Gallimard

 

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