Les jardins d'Hélène

Septembre 2023 en couvertures...

30 Septembre 2023, 22:30pm

Publié par Laure

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Le navet de la décennie

 

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L’archiviste - Alexandra Koszelyk

19 Septembre 2023, 16:42pm

Publié par Laure

Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, K., archiviste, veille la nuit sur les œuvres culturelles et patrimoniales du pays, mises à l’abri au sous-sol d’une bibliothèque, et le jour, veille sur sa mère malade. 

Jusqu’au jour où elle reçoit la visite d’un “Homme au chapeau”, qui la sommera de modifier certaines œuvres pour les tourner à l’avantage de l’envahisseur ; en échange de quoi il lui laissera la vie sauve ainsi qu’à sa sœur qu’il dit détenir captive. Tandis qu’elle s’y astreint le cœur lourd, K. revoit la création de ces œuvres. Moment surnaturel mais qui passe sans gêner le lecteur, au contraire le côté informatif est intéressant. C’est ainsi qu’elle falsifie l’hymne national, les âmes mortes de Gogol, et quelques autres trésors de l’art ukrainien.

Si j’avais beaucoup aimé le premier roman d’Alexandra Koszelyk, A crier dans les ruines, je suis restée plus à l’écart de celui-ci, où je me suis un peu ennuyée. Le mécanisme compris, il sert davantage à défendre la culture (et l’utiliser comme une arme ?), à rendre hommage à un pays, qu’à emmener le lecteur dans une intrigue, que j’ai trouvée un peu faible, même si la fin lui redonne un peu d’envergure. 

Ce roman pourrait être un premier pas facile d’entrée dans l’histoire de l’Ukraine par le biais de la fiction pour qui souhaiterait poursuivre la route.

 

Extrait p. 17 : “K s’attardait rarement dans les rues, où elle peinait à retrouver les échos de l’ancien temps. Il n’y avait plus que les livres pour rejoindre le chemin de ce qu’elle connaissait. Au cœur de tous ces ouvrages, l'oralité du monde s’était effacée au profit de la page et de l’encre. L’écrit est ce chant silencieux qui conserve les productions de l’esprit au long des siècles : qu’est-ce qu’une langue, si ce n’est une musique au secours d’une idée, une harmonie et un rythme portés par les trouvailles de l’imaginaire ?”

 

Aux forges du Vulcain, octobre 2022, 267 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2373-05655-6

 

 

Crédit photo couverture : © Elena Vieillard et éd. du Tripode. 

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Les silences des pères - Rachid Benzine

18 Septembre 2023, 15:44pm

Publié par Laure

Un fils devenu pianiste concertiste de renommée internationale revient à Trappes au domicile de son père décédé. Un père avec qui il avait coupé les ponts vingt-deux ans auparavant, un père qu’il n’a jamais vraiment connu.

p. 14 (numérique) : “Il est encore à l’appartement, dans sa chambre. Si tu veux le voir. » Elles me remercient d’être présent. « C’est important, ça lui aurait fait plaisir. » Je n’ose pas leur dire que ce sont des paroles convenues. Que leur deuil n’est pas le mien. Que pour pleurer quelqu’un, il faut l’avoir aimé. Que pour regretter un mort, on doit éprouver plus que des regrets. Que la mort n’annule pas tout.”

p. 17 : C’est à la fois mon père et un étranger qui est mort

p. 20 : Il me demande ensuite de caresser l’épaule de mon père. Je m’exécute sans éprouver aucun sentiment. Il me pousse à faire le même geste, encore et encore. Je finis par ressentir une forme de tendresse, beaucoup de tendresse. Instinctivement, ma main se pose sur sa joue.

Je me tourne vers l’imam en train d’essorer le gant de toilette : “Il n’est pas fait mention de l’étape où l’on caresse l’épaule”. Il me répond calmement que ça ne fait pas partie du rituel. “Mais ça vous aura probablement fait beaucoup de bien, à ton père comme à toi.”

Passé le rituel de la toilette mortuaire, le fils va ranger un peu l’appartement et trouver une série de cassettes que son père avait enregistrées pour son propre père. C’est alors tout un pan de son histoire familiale qu’il découvre, le sort réservé aux immigrés arrivés en France dans les années 1960. Remontant le temps et la vie de son père, dans les mines de charbon dans le nord de la France, puis en usine à Aubervilliers et chez Lip à Besançon, c’est aussi un pan de l’histoire sociale et politique de la France qui est narré. En cherchant à rencontrer les témoins ayant connu son père et en écoutant ces cassettes, il découvre aussi sa vie amoureuse, ses peines et ses douleurs, et combien ce dernier l’a aimé, quand bien même il lui avait tourné le dos.

Un très bel hommage, tout en pudeur et retenue, qui émeut sincèrement.

Je n’avais jamais lu Rachid Benzine, mais je suis ravie de l’avoir découvert et ne manquerai sans doute pas de lire ses autres titres.

 

Seuil, août 2023, 176 pages, prix : 17,50 €, ISBN : 978-2-02-147776-4

Crédit photo couverture : éd. du Seuil

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Algues vertes, l'histoire interdite - Inès Léraud, ill. Pierre Van Hove

13 Septembre 2023, 08:37am

Publié par Laure

Algues vertes, l'histoire interdite, BD documentaire publiée en 2019, a été rééditée récemment pour accompagner la sortie du film éponyme.

La journaliste Inès Léraud et l’illustrateur Pierre Van Hove relatent l’affaire de cette pollution capable de tuer hommes et animaux en quelques minutes, et expliquent l’histoire politique et économique de l’élevage intensif en Bretagne, qui a conduit à ce drame écologique et humain.

La loi du silence quand on touche à l’industrie agroalimentaire est sidérante.

Fouillée, documentée (avec de nombreux documents reproduits en annexe), cette enquête est un bel exemple du travail de journaliste ; alliée au dessin qui la rend peut-être plus accessible ou lui ouvre un autre public. Instructif et salutaire !

La BD est un art qui sert aussi à informer et éveiller les consciences !

 

 

La revue dessinée / Delcourt, juin 2019, 159 pages, prix : 21,90 €, ISBN : 978-2-413-01036-4

 

 

Crédit photo couverture : Pierre Van Hove et éd. La revue dessinée / éd. Delcourt

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Résidence autonomie - Eric Salch

3 Septembre 2023, 14:18pm

Publié par Laure

Marc H. est envoyé par Pôle Emploi dans une résidence autonomie en tant qu’agent social, pour deux nuits par semaine. Formé sur le tas par un collègue, il entre immédiatement dans le vif du sujet, et non, il ne sera pas vraiment payé à dormir.

La résidence autonomie, c’est l’étape avant l’EHPAD. Censé aider les résidents à de petites tâches telles qu’ouvrir le courrier, régler la télé, assurer une surveillance la nuit, il fait en réalité le job d’un aide-soignant, voire d’un infirmier. Avec humour (souvent noir, l’humour !), l’auteur dépeint des situations très réalistes, avec des personnes très âgées n’ayant plus beaucoup d’autonomie. Leurs activités et leur prise en charge rappellent le premier âge de la vie : on retombe dans les couches et le coloriage.

Pas spécialement fan du dessin (mais on s’y fait vite), c’est le scénario qui m’intéressait, et de ce point de vue je ne suis pas déçue. Difficile de ne pas s’attacher à ces p’tits vieux, aussi capricieux et exigeants soient-ils, tant pour le travailleur social qui doit se protéger pour ne pas ramener le poids du travail chez lui, que pour le lecteur qui est ou sera confronté un jour ou l’autre à de telles situations pour ses proches ou lui-même. 

 

Un vrai sujet de société qui rappelle le scandale Orpea pas si lointain, mais avec une fin touchante. Respect au personnel de ces établissements !




 

Dargaud, mai 2023, 174 pages, prix : 24,50 €, ISBN : 978-2-5051-1845-9

 

 

Crédit photo couverture : © Eric Salch et éd. Dargaud

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Août 2023 en couvertures...

31 Août 2023, 14:12pm

Publié par Laure

En août, j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

 

En août, j'ai vu :

 

 

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Ressentiments distingués - Christophe Carlier

27 Août 2023, 11:35am

Publié par Laure

 

Sur une île où dominent pluie et brouillard, le facteur perclus d’arthrose se met à distribuer des courriers anonymes. Un corbeau sévit, de courtes phrases à chaque fois, pas de revendications, mais le trouble envahit le bistrot “La Marine” et chacun soupçonne l’autre. 

La réussite ? c’est le texte délicieusement malicieux de Christophe Carlier.

Une deuxième partie plus surprenante donne la parole au corbeau lui-même, j’avoue avoir été déçue, j’attendais une résolution policière avec le gendarme Gwenagan. Mais la troisième et dernière partie offre un twist dans la lignée espiègle du roman.

Sympathique et bien écrit, une lecture plaisante, comme une petite gourmandise. 

 


Extrait p. 76 : “Qui donc sur l’île a l'œil fuyant, la voix fausse et le geste rare ? Gwenagan ne met guère de temps à percevoir que son portrait-robot est une somme de clichés. [...] Une autre manière de réfléchir est de se demander si, chez tel ou tel, la part d’ombre que tous possèdent, intrusive et malfaisante, peut prendre la forme épistolaire, si mesurée, si différée, qui relève d’une cruauté sophistiquée. A ce jeu-là, les violents, les sanguins, les impulsifs ou les indélicats sont rapidement innocentés.”

 

Du même auteur :

- L'assassin à la pomme verte

- L'eau de rose

 

Phébus, janvier 2017, 173 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-7529-1083-7

 

 

Crédit photo couverture : © Héloïse Jouanard, Libella / Phébus.

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Pisse-Mémé - Cati Baur

25 Août 2023, 11:01am

Publié par Laure

Quatre amies de longue date, au parcours de vie bien différent, décident lors d’une soirée bien arrosée de monter un bar à tisanes (et bière aussi !) avec un espace librairie et cours de yoga. C’est un rêve qui devient réalité quand les jumelles héritent d’une vieille tante honnie de la famille. Le Pisse-Mémé ouvre après une campagne de crowdfunding et des semaines de travaux. [Pour ceux qui l'ignoreraient, le pisse-mémé c'est de la tisane, en langage familier, plus fréquent dans certaines régions que d'autres]

Un scénario frais et pétillant, des profils de femmes qui traduisent bien les réalités sociétales actuelles, avec quelques piques humoristiques au passage, c’est plutôt bien vu ! Amitié et amours au rendez-vous !

Une BD tranche de vie / feel-good qui met à l’honneur l’engagement féminin (qu’il soit entrepreneurial, politique, humain), le courage de changer de v(o)ie, la charge mentale et la bonne humeur, ainsi que la profondeur des liens familiaux même quand ils sont distendus.

Le dessin est tout aussi réaliste, coloré, joyeux !

 

Dargaud, avril 2023, 118 pages, prix : 19 €, ISBN : 978-2-205-08577-8

 

 

Crédit photo couverture : © Cati Baur et éd. Dargaud

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Le dernier été - Benedict Wells

24 Août 2023, 15:22pm

Publié par Laure

Traduit de l'allemand par Dominique Autrand

Robert Beck est prof de musique et d'allemand , à défaut d'avoir réussi sa vie dans la musique. Mais il repère dans sa classe le jeune Rauli, un élève étranger en difficulté scolaire mais véritable prodige à la guitare. Ce jeune a un talent de compositeur exceptionnel. Beck se met en tête de devenir son manager et de réussir là où il a échoué auparavant. En parallèle, son histoire d'amour avec Lara (vouée à l'échec dès le début) et son soutien à son ami toxico Charlie vont conduire à des scènes épiques, véritable road trip à travers l'Europe.
Construit comme un 33 tours qui comprend 2 faces et quelques chansons sur chacune d'elles, l'intrigue située à la fin des années 90 en Allemagne (concentrée surtout sur l'été 1999) est en réalité narrée par un autre élève, Ben, à qui Beck raconté son histoire, celui-ci ayant montré des velléités d'écrivain.
On s'attache à ces personnages de losers, à leur choix ou non-choix, on s'attache à eux sans s'en rendre compte, pris dans l'espoir sans doute d'un succès, mais la route est agréable.

 

 

Le livre de poche, août 2019, 472 pages, prix : 8,70 €, ISBN : 978-2-253-23775-4

(Première parution chez Slatkine et Cie en 2008)

 

 

Crédit photo couverture : Studio LGF, Romaoslo / iStock

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Passager de l’été – Jean-Philippe Blondel

23 Août 2023, 15:44pm

Publié par Laure

Samuel a dix-huit ans et quelques, le bac depuis dix jours (en vrai depuis la réforme il savait qu’il l’avait depuis bien longtemps), et il s’apprête à partir sillonner l’Europe en train avec son pote, non, son meilleur ami : Adrien. C’est même pour cela qu’il est serveur dans un bar tout le mois de juillet, pour financer ce voyage tant attendu. Alors quand Adrien lui annonce dans un vocal qu’il ne part pas, c’est un coup dur pour Samuel. Peu importe, il partira seul. Il embobine un peu les parents, et zou, direction Amsterdam, Hambourg, Copenhague, Lund, Cologne …

Vous connaissez Blondel (ou pas), le voyage est autant réel qu’intérieur. Samuel écrit, filme des jeunes qu’il interviewe au fil des rencontres. Passager de l’été est un roman initiatique, de ceux qui vous font basculer de l’adolescence à l’âge adulte. On y sourit, on y aime les personnages rencontrés, ancrés dans la réalité (le Covid-19, la guerre en Ukraine) et l’on y retrouve les petits cailloux semés dans d’autres romans, qui s’entremêlent à ceux de la vie personnelle que l’auteur dévoile parfois sur les réseaux sociaux : les parents décédés dans un accident de voiture, la maladie, et ce thème fort : l’amitié. Ou le deuil d’une amitié.

Une rupture amicale, on en souffre autant qu’une rupture amoureuse, si ce n’est plus. Il faudra bien l’été pour traverser cette épreuve. Et en ressortir grandi.

Un beau roman simple et vrai qui vous fait chaud au cœur (tout en vous le serrant parfois), Blondel continue de faire ce qu’il sait faire le mieux : nous parler de l’intime et donc de nous.

 

Extraits :

p. 41-42 (Stendhal et la cristallisation) : « J’avais pris des notes, cette fois-là. J’avais trouvé ça intéressant, même si j’étais persuadé que ce type de fantasme, ça marchait au XIXe siècle, quand les gens s’ennuyaient et n’avaient rien d’autre à foutre qu’à rêvasser sur leur partenaire, alors qu’au XXIe, avec des blasés saturés d’écrans, de réseaux sociaux et de sites de rencontres comme nous, ça ne pouvait plus fonctionner. La triche, l’hypocrisie, les trahisons, on a été biberonnés à ça, entre les émissions de téléréalité où tout le monde prétend s’aimer mais va dégueuler sur ses camarades dès qu’ils ont le dos tourné, les jeux vidéo où le premier but est de survivre en éliminant tous les autres, et les réseaux sociaux, inutile de s’éterniser. On ne nous fera pas gober n’importe quoi. Un truc que je dois apprendre de toute urgence, c’est l’humilité. Parce que vu comme je me suis comporté avec Adrien, je ne vaux pas mieux que n’importe quel héros de livre sentimental du XIXe siècle. Une midinette. »

p. 47 : « Juste après, j’ai éliminé Adrien. Je l’ai viré de tous mes contacts. Je lui ai interdit l’accès à toutes mes sources. Je l’ai empêché de partager des photos, des vidéos, des messages. Je l’ai rayé. Pour être tout à fait honnête, cela n’a pas été aussi satisfaisant que je le croyais. On reste attachés à ceux qu’on a aimés, qu’on le veuille ou non. »

p. 113 : « On croit toujours que les autres s’intéressent à nos vies parce qu’ils regardent dix secondes ce que nous postons, mais ils scrollent, ils s’en foutent, ils nous ont oubliés au bout de dix minutes, ils continuent leur existence dans laquelle on n’est rien ».

p. 135 : « Je ne sais plus exactement qui sont mes amis. Mais, au fond, ça n’a aucune importance. Resteront dans ma vie ceux qui en ont vraiment envie, en sortiront ceux qui ne sont pas réellement attachés. C’est beaucoup plus simple qu’on ne croit ». 

C'est tellement cela.

 

 

Actes Sud jeunesse, août 2023, 173 pages, prix : 15,60 €, ISBN : 978-2-330-18094-2

 

 

Crédit photo couverture : © Germain Barthélémy et éd. Actes Sud jeunesse

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